Loading
MENU
Podcasts

Les discriminations : on en parle ?

Les discriminations : on en parle ? Podcast associatif

Des violences liées aux discriminations de toutes sortes sont encore bien trop souvent commises dans les milieux étudiants, associatifs comme universitaires. Pour y répondre et permettre de mieux vivre tou·te·s ensembles, les associations du réseau d’Animafac proposent différentes actions. Rosie est allée les rencontrer pour parler de leurs associations et de leur façon d’aborder et lutter contre les discriminations.

 

Épisode 1 : Cop 1

Les discriminations, on en parle. Une série de podcasts Animafac sur la sensibilisation autour de la lutte contre les discriminations et la mise en place des bonnes pratiques au sein de l’association.C’est un projet porté par Animafac, financé par la région Ile de France et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT. Écoutez nos nombreux acteurs et actrices engagées.

Bonjour, merci d’avoir répondu à notre invitation au podcast : « Les discriminations, on en parle ? » Peux tu commencer par te présenter ?

Bonjour a tous, je m’appelle Gilles Kounkoud, je viens pour l’asso Cop1 solidarité étudiante et mon rôle c’est directeur de l’accompagnement.

Peux tu nous décrire les actions de Cop1 ?

Cop1 Solidarité vie étudiante est une association qui lutte contre la précarité étudiante. Nous faisons des distributions alimentaires et non alimentaires.

Quel est le champ géographique de vos activités alors ?

Cop1 est principalement basé à Paris. Mais il faut savoir que du coup, on a une antenne à Angers qui a été mis en place et qui maintenant accueille et fait des distributions alimentaires. Très prochainement, nous aurons une antenne à Brest et à Marseille et dans d’autres villes étudiantes que nous arriverons. Et du coup, on essaie d’avoir un volet national pour lutter contre la pauvreté étudiante.

Et c’est juste pour la distribution alimentaire ?

Pour chaque antenne, on essaie de scaler. Le même modèle qui a été reproduit à Cop1 à Paris. Donc on débutera effectivement premièrement, par une l’ alimentaire, mais d’autres activités seront mis en place aussi à la suite.

Et pourquoi Cop1, pourquoi adopter ce nom ?

Cop1 a été créé par un groupe de six amis. L’idée, c’était déjà pour montrer cette amitié là. C’est à dire que lutter aussi en même temps, quand lever la barrière de légitimité face aux étudiants, c’est à dire que c’est l’aide qu’apporte un cop1, c’est l’aide que pourrait apporter un ami à un autre, afin de pouvoir légitimer ce besoin d’aide.

Trop bien. Pourquoi tu as choisis d’être engagé à Cop1, personnellement ?

J’ai choisi de m’engager à Cop1 parce que les valeurs qui sont véhiculées sont directement en totale cohésion avec les miennes. Donc du coup, pour moi, c’était une évidence.

Que fais tu dans l’association en tant que directeur de l’accompagnement ?

Alors, mon rôle, c’est de superviser les pôles dits de l’accompagnement. Les pôles dits de l’accompagnement, c’est les pôles tels que le pôle culture sport, suivi personnalisé, distribution alimentaire et professionnalisation. Et du coup, à part ça, soit d’autres activités, d’autres pôles aussi. Bien sûr. Du coup, moi, je suis donc directeur de l’accompagnement. Mais il faut avoir que Cop1 est divisé en deux groupes.Vous avez donc l’opération et l’accompagnement. Ça c’est les deux groupes majeurs. Évidemment, il y a d’autres groupes aussi qui sont constitués. Et donc du coup, les autres activités de l’association c’est la partie opérations, donc avec l’organisation de la distribution alimentaire.

Et selon vous, quelles sont les cibles de l’asso alors ?

On est une association qui a pour philosophie d’être pour et par les étudiants. Donc notre cible principale, c’est les étudiants.

Et pourquoi l’asso a décidé d’engager dans les activités destinées aux étudiants ?

Parce que les copains qui ont formé l’association ont observé une grosse précarité au sein du monde des étudiants. Suite après à la crise, à quoi ils ont décidé d’apporter leur pierre à l’édifice en mettant en place des initiatives.

Quels sont les les enjeux actuels sur lesquels vous travaillez ? C’est quoi le constat en ce moment ? C’est quoi les observation de l’association sur la précarité des étudiants ? C’est quoi les difficultés du moment ?

Ce qu’on peut observer, c’est que là, on arrive, on est sur la rentrée de l’année à peu près pour tout le monde. Donc on va être nous en tant qu’étudiant dépendant de notre situation. On sera confronté à tout type de situation telles que l’inflation, la hausse des prix, le pouvoir d’achat qui ne bouge pas, lui en France ; les tâches administratives à réaliser, les tâches de recherche de logement, recherche de jobs, étudiants à réaliser. Et tout cela, ça fait partir un peu. Ça fait partie intégrante de ce que l’on appelle la précarité, parce que la précarité est un terme général qui touche à plusieurs niveaux et donc du coup, nous, c’est vraiment sur ces observations là qu’on essaie de d’agir.

Suite à l’observation, assez des problèmes assez structurels comme ça. Est ce que vous avez aussi mené des activités sur le plaidoyer ou sur affecter la politique ? Interpellé le gouvernement pour qu’il change ?

Totalement, parce qu’on est dans une politique de dire que nous sommes pas, il n’y a pas d’adversaire en face. C’est plutôt que la société… on fait partie de la société intégrante. Nous sommes acteurs aussi de notre situation et donc de ce fait, cette année sera mis en place le pôle plaidoyer qui sera très complet pour pouvoir du coup apporter une voix collectif pour les étudiants.

Pendant ces années est ce que l’association a t elle observé des évolutions au niveau structurel ? Plutôt, les administrations, les écoles ou les politiques qui sont motivé·e·s sont sensibilisé·e·s ou pas sur le sujet.

Bien sûr, on a eu toutes sortes d’initiatives qui ont été mis en place pour notre cause. Comme par exemple on peut, on peut dire qu’on a eu pas mal d’écoles qui ont mis en place un système d’engagement citoyen qui nous permet donc de nous envoyer des bénévoles et nous permettre d’accroître notre champ d’action au niveau des actions que nous menons pour la lutte contre la précarité. Pas mal d’évolutions aussi au sein de la société : on a eu pas mal de dons extérieurs, maintenant il faut qu’on reste sur cette dynamique là, pour pouvoir lutter au maximum contre la précarité parce qu’elle ne cesse de grandir.

Alors parlons de l’inclusion au sein d’une association. En tant qu’une association pour l’inclusion, avez vous des dispositifs à mettre en place dans votre fonctionnement pour assurer un milieu associatif inclusif ?

Alors oui, nous avons premièrement l’adhésion des bénévoles a une charte copain que le bénévole adhère, en adhérant à l’asso. C’est une charte qui permet du coup d’avoir un cadre bien pour tous et surtout, pendant les distributions, on a toujours aussi, c’est pas cette charte là qu’on garde un cadre toujours important et qui permet la cohésion de tous pour avoir une distribution bénéfique à tous.

Et il y a combien de personnes au sein de Cop1 ?

Pour ça, ça dépend. Ça dépend des périodes tout simplement. On tourne entre 100 et 600 bénévoles approximativement au cours des périodes. Avec un grand nombre de bénévoles et de nouveaux membres qui viennent chaque fois. Est ce que c’est facile de suivre ? En fait, si tout le monde a suivi la charte. Alors du coup, c’est une condition obligatoire à l’adhésion directement. Dès que vous entrez ou vous avez direct, si vous êtes rentré chez nous à Cop1, c’est que vous avez obligatoirement adhérer à la chartes.

Et quelles sont les conditions ?

Le respect de tous. Pas de propos injurieux. Toutes les directives qui permettent une bonne cohésion au sein du groupe.

Comment l’asso aborde cette question de lutter contre les discriminations ou c’est juste en fait, c’est une bienveillance d’inclusion entre les bénévoles, les membres de l’asso pour les sensibiliser à l’inclusion ?

Alors, étant donné que la valeur majeure de Cop1 c’est la solidarité comme partie intégrante des valeurs. Quand on intègre Cop1, on fait partie d’un groupe qu’on peut peut même appeler une famille parce qu’on se côtoie assez régulièrement. Et on n’a pas sur ce point là de différenciation. En fait, on est tous assujettis à un point d’égalité pareil à tous. Et donc du coup, de ce fait là, on n’a pas quasiment pas du tout de problème de discrimination interne chez les copains. On n’a pas encore été informés. En tout cas, depuis que suis rentré, on n’a pas encore fait face à ce genre de situation, étant donné que vraiment, quand on rentre à Cop1, on est tous des étudiants. On a tous été dans la galère au moins une fois et donc on sait ce que c’est une situation de précarité et du coup, on œuvre pour que ça se reproduise le moins possible.

Quelles sont les activités et les outils que vous avez organisés afin d’intégrer les personnes qui peut être ce sentent marginalisées sans être discriminées au sein de l’association ?

Alors au sein de l’association, donc directement dans la partie de l’accompagnement, il existe un pôle suivi personnalisé. C’est un pôle qui permet d’accompagner les étudiants dans leurs besoins autre que les besoins alimentaires. Ça peut être effectivement tout type de besoins dans le sens ou il y a de la recherche de logement, d’aide au logement, juridique, mais aussi la partie discrimination. C’est à dire que lors des distributions alimentaires, il y a une sorte d’atelier qu’on appelle le coin suivi ou il y a un référent un suivi qui est dédié ou chaque bénéficiaire qui est dans le besoin, qui est dans une situation de discrimination ou autre, peut venir effectivement discuter avec le référent suivi en toute liberté et en toute égalité, sans prise de tête en tant que tel et le référent suivi est lui même formé à recevoir tout type de personnes afin de pouvoir les aider au maximum possible.

Est ce que c’est quand même c’est une structure assez, qui a du succès, en fait dans le domaine de l’inclusion en général ?

C’est un peu paradoxal, si on a du succès, c’est que la précarité existe toujours. Donc oui, il faut savoir que voilà, la situation a connu une grande évolution quand même parce qu’on a deux ans maintenant. Mais on est toujours en quête d’une évolution encore plus fulgurant pour pouvoir vraiment être l’un des grands acteurs qui luttent contre la précarité étudiante en France.

Et du coup, est ce que t’as des chiffres sur le nombre de personnes que vous avez accompagnées ou le nombre de distributions ?

Mais oui, il faut savoir que du coup, lors d’une distribution l’année dernière, il y avait trois distributions alimentaires qui ont été réalisées par semaine, donc jeudi, vendredi et samedi. Lors de ces distributions là, on reçoit à peu près entre 180 et 200 bénéficiaires par distributions. Et donc, du coup, ça fait à peu près, beaucoup plus que 600 bénéficiaires à la semaine. Et donc, mises à part cela, on a aussi d’autres activités. Donc là, ça ne concerne que les activités de distributions alimentaires. On a d’autres activités aussi avec le pole sui vi qui a aidé pas mal de bénéficiaires, le pôle culture qui a organisé pas mal de sorties culturelles lors de l’année.

Et d’où viennent les ressources de l’association ?

Les ressources de l’association. Alors nous, on a, on fonctionne particulièrement avec les dons, des dons et des partenariats. Les dons ça peut être sous différentes formes : financier en nature, mécénat de compétences … où forts de tout ces dons là, nous pouvons du coup mettre en place le système qui est mis en place aujourd’hui. Donc, comme par exemple on a pas mal de dons de différents partenaires qui sont soit alimentaires ou non alimentaire, particuliers comme grandes entreprises et donc du coup, c’est ça qui fait notre force aujourd’hui.

Et comment on s’inscrit à Cop1 ?

Alors premièrement, pour être bénévole, il suffit d’aller soit sur notre Instagram ou sur notre site Cop1.fr. Vous aurez directement toutes les informations pour être adhérent à l’asso et ensuite, pour être bénéficiaire, il faut aller sur le site Cop1. Regardez par rapport aux distributions alimentaires qui vont être réalisées, alimentaires comme non alimentaires, vous aurez toutes les informations pour vous inscrire directement sur le site. Pour revenir aux premiers chiffres. C’est qu’au cours de l’année 2021-2022 que Cop1 a eu 100-180 adhérents. OK donc du coup il faut savoir. Du coup, au niveau des chiffres, nous avons fait savoir qu’on a réalisé 110 distributions organisée à Paris et à Angers. 23 824 étudiants et jeunes se sont inscrits à nos distributions à Paris en septembre 2021 et juin 2020. De 2600 paniers ont été distribués à Angers. Depuis mars 2022 600 bénéficiaires ont été aidés ou accompagnés par le suivi et accompagnement personnalisé de 150 étudiants a bénéficié d’une aide culturelle sportive et on a vu un total d’approximativement 600 bénévoles.

C’est trop bien et en tant qu’une association inclusive de toutes sortes, as tu des conseils aux autres associations sur les bonnes pratiques à mettre en place afin d’assurer un environnement inclusif pour tous et pour toutes ?

Moi, je pense que le but premier, c’est de faire qu’un avec les bénévoles ; dans le sens ou faire qu’un avec le temps, que l’association soit un corps entier où chacun participe directement à la cause de l’association.Et c’est par ce, par ce point là que tout le monde, en se rappelant que l’association même sera dans une dynamique d’évolution car tout le monde y participera et sera fier de ses réalisations et surtout organiser des activités de cohésion au sein de l’asso afin de permettre vraiment un maximum de cohésion entre entre les bénévoles et permettre du coup une plus grosse force de réaction au niveau des actions même de l’association. Voilà.

As tu quelque chose à ajouter, à dire aux associations bénéficiaires ou aux auditeurs auditrices ?

Alors, la précarité, la précarité étudiante, un thème tellement large qu’il permet aussi donc de mettre en lumière la précarité en elle même. Puisque la précarité étudiante fait partie de la précarité. En France, la précarité est tellement grandissante que les acteurs qui pourraient lutter contre celle ci sont très rares, qu’on essaie de mettre en action, d’agir car le champ d’action est important. Et donc, si vous voulez lutter contre la précarité, n’hésitez pas à rejoindre Cop1 si vous voulez.

Merci Gilles, en tant que représentants de Cop1 associations pour les solidarités étudiantes, d’avoir participé à notre podcast. Les discriminations, on en parle ! Merci à nos auditrices d’avoir écouté notre épisode jusqu’au bout et d’être sensibilisés sur la question d’inclusion.

Épisode 2 part 1 : Coexister

“Les discriminations, on en parle?” une série de podcasts d’Animafac sur la sensibilisation autour de la lutte contre les discriminations et la mise en place des bonnes pratiques au sein de l’association. Ceci est un projet d’Animafac, financé par la région Ile-de-France et la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT. Écoutez nos nombreux acteurs et actrices engagé·es.

Peux-tu commencer par te présenter ?

Ouais, donc bonjour, je m’appelle Anne, je suis la directrice de Coexister France. J’ai trente ans, je suis à Coexister depuis que j’ai seize ans donc moi je suis un pur produit de Coexister. J’en suis la directrice aujourd’hui mais j’ai fait tout un parcours dont je vais vous parler après. Donc je suis une des premières bénéficiaires de Coexister.

Est-ce que tu peux nous parler plus de Coexister? 

Donc Coexister ça a été créé en 2009, dans un cadre de haine en fait, y avait une implantation de la haine liée au conflit israélo-palestinien en France. Et y a eu un rassemblement interreligieux à l’époque et y avait quelques jeunes dans ces rassemblements, et ces jeunes se sont réuni·e·s et y a un appel qui a été lancé pour agir ensemble pour la paix qui est une action commune qui a été faite. Et à l’époque, l’action qui a été choisie, ça a été un don du sang pour imager donner son sang pour la paix, pour que le sang coule pour la paix plutôt que pour la guerre et lié aux guerres des religions. Ça s’appelait “Ensemble à 100%”. Basé sur ça, il y a eu une intuition profonde qu’il y avait quelque chose à jouer avec les différentes convictions religieuses et spirituelles, le fait d’agir ensemble, se rassembler, parler. Et donc, il y a eu petit à petit quelque chose qui a été créé donc ça c’était en janvier 2009 et en septembre 2009, y a une association qui a été créée qui s’appelle Coexister qui un mouvement de jeunesse et d’éducation populaire, donc on est agréé par le Ministère de la Jeunesse et de la Vie Associative. Et donc le but, l’objectif en fait, c’est que dans la vision de société qu’on défend, ce qu’on aimerait bien une fois que Coexister aura réussi ce qu’il devait faire, c’est qu’il y ait plus d’effacer de discriminations liées aux convictions religieuses et spirituelles, que ça vienne d’une personne qui est discriminée parce qu’elle a une religion, donc combattre l’antisémitisme et l’islamophobie qui ont des parties religieuses mais aussi combattre le fait que les personnes qui discriminent parce qu’elles sont religieuses. Et pour faire ça, c’est un mouvement de jeunesse, je vais vous expliquer un peu après le parcours. Je crois que c’est un peu plus tard. Donc aujourd’hui, on a entre une vingtaine et une quarantaine de groupes en France en fonction des années et c’est des groupes qui organisent un parcours d’un an où on apprend à se connaître et à agir ensemble, être citoyen engagé dans sa cité. Et on dit qu’on est un mouvement interconvictionnel puisque on rassemble toutes les convictions religieuses et spirituelles, c’est notre levier. On utilise cette diversité qui est hyper taboue pour apprendre à vivre ensemble.

Et du coup, pour parler un peu de ton histoire personnelle, pourquoi as-tu choisi de t’engager à Coexister  ? 

C’est une bonne question, donc à l’époque j’avais 16 ans, donc c’était au début de Coexister, c’était en 2009. Et donc en fait moi je viens d’un milieu rural, donc j’ai grandi dans une campagne, dans un village de 300 habitant·es. La boulangerie la plus proche, je pense que c’est 20 minutes en voiture. J’avais l’impression d’être dans un monde très très homogène, où en même temps tout le monde me ressemblait et j’avais envie de rencontrer des personnes différentes mais en même temps personne ne me comprenait. Et donc, j’ai été rejoindre Coexister pour rencontrer des personnes différentes, et aussi pour parler de ma foi, je suis chrétienne alors que j’avais l’impression c’était quelque chose dont on ne pouvait pas parler en France, de sa foi. Voilà, mais par contre ce n’est pas du tout pour les mêmes raisons que je suis restée après à Coexister et qui fait que je suis là depuis aussi longtemps. Je suis vraiment arrivée pour rencontrer des personnes, je suis restée pour un modèle de société inclusif dont on va aussi parler ensemble. Pour défendre ce modèle de société, et notamment dans un mouvement qui est fait pour les jeunes par les jeunes où les jeunes ont la capacité de prendre la parole et de défendre ce modèle de société pour la France d’aujourd’hui et de demain mais aussi d’aujourd’hui.

Et que fais-tu dans l’association en tant que Directrice? 

Mon objectif, c’est de mener à bien un plan d’action qui a été décidé par toute l’association. Donc je m’explique, on fonctionne avec des orientations stratégiques qui sont données par ce qu’on appelle les assises donc tous les 3 ans, on se réunit, tout·es les adhérent·es les personnes qui viennent d’arriver, ce qui sont là depuis dix ans, ceux qui sont là depuis quinze ans, se réunissent en commission. On fait du travail pendant 6 mois, on réfléchit sur plusieurs aspects de Coexister, enfin tous les aspects de Coexister. Y a la partie message, le plaidoyer qu’on défend, la partie éducative, la partie spiritualité aussi, qu’est-ce que vivre sa spiritualité en France et à Coexister aujourd’hui, on en parle beaucoup. Plusieurs choses comme ça, pendant six mois on réfléchit, et après on valide un plan d’action qui est pour trois ans et donc mon boulot en tant que directrice c’est de mettre en place un plan d’action. Et avec ça je suis aidée par une équipe salariée et tous les ans, j’ai le conseil d’administration qui me redonne la confiance… En gros je suis la personne salariée qui met en place que la démocratie me demande.

Et comment définissez-vous dans l’asso le terme Coexister et vivre ensemble ?

Pour nous, “coexister” c’est un verbe qui est actif. C’est un peu un équilibre entre le respect et sincérité. En gros, le terme vivre-ensemble et Coexister c’est trouver le juste-équilibre entre nos besoins à nous et nos identités différentes, qui est quelque chose qui est très très important et de plus en plus important dans la/les jeunesse/s en France aujourd’hui. Donc c’est l’équilibre entre ses besoins à soi, son identité, sa culture, tout ce qui nous définit, ses pensées, sa conviction et le respect de celle de la personne en face. Donc c’est trouver l’équilibre en personne mais ça peut se défendre en terme de société, ça peut se faire entre les groupes, entre les communautés.

Mais en fait, c’est quoi la coexistence active ?  

Alors pour t’expliquer vraiment vraiment, y a deux manières de voir les choses, y a la manière systémique et la manière individuelle. Pour t’expliquer la manière individuelle qui est la plus aboutie, c’est encore quelque chose qu’on est en train de théoriser, de définir. On se fait pas mal aider par un conseil scientifique sur tout ça, je pense qu’on n’est pas encore au bout du bout de ce modèle de société qu’on essaie de construire, et je pense qu’on pourra pas le construire tout seul, on aura besoin de beaucoup d’autres associations pour nous aider à le faire et d’autres expertises donc c’est pour ça. Mais sur la partie relation entre deux individus, c’est un peu ce que je te disais, c’est le juste équilibre entre deux personnes. On l’oppose à trois autres modèles qui pourraient être les mauvais modèles, les fausses bonnes idées. En fait, tout est une question de trouver le juste milieu entre deux identités : donc mon identité ça s’appelle identité, ton identité ça s’appelle altérité pour moi, de mon point de vue. Si jamais toi et moi on se rencontre et qu’on a une identité super forte et qu’on n’arrive pas à faire de concessions, y a un clash et on passe à côté l’une de l’autre et on peut vivre chacun de son côté. C’est notamment ce qui peut être appelé le choc des civilisations dans la partie systémique en fait, c’est vraiment genre deux civilisations ne peuvent pas vivre ensemble parce qu’elles sont trop différentes et qu’elles veulent chacune garder leurs identités fortes.  Une autre manière dont la rencontre peut se passer, c’est que y en a une de nous deux qui décide que son identité elle vaut moins que celle de l’autre. Donc on décide; dans la partie systémique ça pourrait être l’assimilation; ou alors qu’une personne demande à l’autre de changer son identité, ça peut aller dans les deux sens. C’est ce qu’on appelle l’assimilation, on laisse de côté son identité et on se met dans celle majoritaire. Y a beaucoup de choses qui ont été théorisés, ça a peut-être pu fonctionner, peut-être que ça fonctionne mais on a quand même pas mal d’études qui montrent que ça créée des frustrations, que ça fonctionne pas si bien. Et aujourd’hui en France c’est un des modèles qui a été défendu et on commence à voir quand même beaucoup de limites. Et le troisième modèle, c’est justement on fait aucune des identités qui est forte, donc en fait on ne parle pas des identités fortes, des choses qui nous questionnent profondément, des points de désaccords, et c’est pareil, ça pourrait être une bonne idée, mais en fait ça crée des non-dits, ça créé des tabous et le moindre petit glissement et bien, on peut glisser vers la violence. Donc ça c’est les trois modèles

C’est la coexistence passive ? 

Oui exactement. On n’aime pas trop non plus le terme de tolérance qui est pour moi un peu le centre 0 donc en fait la coexistence active c’est vraiment le juste milieu entre ton identité et l’identité de l’autre. Et c’est un chemin très sinueux, y a un jour où je vais faire très peu attention à mon identité parce que je sens que la personne en face va avoir besoin de s’exprimer et de dire qui elle est, et inversement, y a des jours où je prendrai plus de place. C’est pas juste faire attention à l’autre, ça demande aussi sur soi un gros travail de sincérité. Est-ce que c’est vraiment un besoin que j’ai ? Est-ce que le fait que cette personne exprime cette conviction religieuse, ça me dérange beaucoup ? Est-ce que vraiment ça me dérange ? et notamment est-ce que ça me dérange de croiser quelqu’un dans la rue qui porte un signe religieux ? Vraiment est-ce que ça change mon quotidien ? Est-ce que ça change qui je suis ? Est-ce que ça change qui ça va être pour mes enfants ? Et en vrai, sincérité, je pense que si on se posait tous cette question on n’aurait sûrement pas les mêmes débats hystériques qui peut y avoir sur le sujet.

Et donc peux-tu aussi nous expliquer comment les différences de conviction peuvent-être un levier pour mieux vivre ensemble ? 

Le postulat en tout cas duquel nous on est parti c’est que les différences de convictions, y a deux choses. La première chose c’est que c’est quelque chose qui est très très intime, qui est souvent lié à l’histoire. C’est souvent quelque chose qui est – pas toujours – mais c’est souvent quelque chose qui est transmis par héritage familial ou culturel ou amical mais en tout cas c’est quelque chose qui est vécu autour de soi et qui est très intime. Enfin, le sujet du religieux mais pas que du religieux, du a-religieux, une personne athée peut avoir aussi une relation très émotionnelle au sujet religieux. Faut voir le sujet laïcité en France, tout le monde a une relation très très émotionnelle à ce sujet. Donc déjà c’est un sujet très intime et en plus, c’est une diversité qui est choisie, parce qu’au bout d’un moment on choisit même si elle est héritée, c’est une diversité qui est choisie parce qu’au  bout d’un moment elle est choisie, même si elle est héritée, c’est quand même une diversité qui est choisie. Donc en fait, on peut très vite se dire que la personne pourrait y renoncer, c’est pas si difficile, parce que c’est choisi, c’est la deuxième chose. Et la troisième chose c’est que y a des choses sur lesquelles on ne sera jamais d’accord, c’est quelque chose qu’on est obligé d’apprendre, le désaccord. Moi en tout cas, en tant que chrétienne, qui est Jésus ? Donc voilà, c’est un levier super intéressant pour apprendre à vivre ensemble. Quand on prend tout ça, il faut gérer la partie émotive, il faut gérer la partie… Il faut apprendre à être d’accord et à ne pas être d’accord. C’est une grosse partie de notre pédagogie justement d’apprendre à être d’accord, à pas être d’accord.

Je vois que ça peut être aussi la source… la source de différences ? 

En fait les deux pédagogies c’est de trouver les points communs, les points de différence, être d’accord, de ne pas être d’accord. En fait, on pense qu’il y a trois choses qui sont importantes. En fait, notre parcours éducatif est basé sur trois choses : la première, c’est qu’il faut connaître. Vraiment la connaissance, être formé sur un sujet pour éviter les fantasmes et les tabous, c’est hyper important. Y a vraiment une alphabétisation du fait confessionnel en France, même l’athéisme, personne ne sait ce que c’est. Y a un peu des fantasmes sur tout ça. Donc la première chose c’est qu’il faut connaître, donc pour ça il faut se rencontrer. Y a connaître par l’empathie, donc la rencontre mais aussi connaître par la théorie. La deuxième chose c’est que nos points communs les plus forts c’est d’être citoyens. C’est d’agir ensemble, trouver ces valeurs communes qui font qu’on veut agir pour sa société. Et sur la base des convictions religieuses ou arreligieuses, y a souvent des moteurs de pourquoi la société on veut qu’elle soit d’une manière ou d’une autre, la justice sociale, y a des moteurs convictionnels dans tous les sens. Et donc c’est ça notre point commun, c’est qu’on veut agir pour la société.

Et donc on a parlé des différences de convictions, par exemple la laïcité. Est-ce que c’est différent entre les convictions cherchent à trouver des résolutions entre les convictions ? Est-ce que c’est différent de trouver une résolution entre les athés et les gens avec la conviction ?

En tout cas, nous on expérimente que c’est pas difficile. À partir du moment où on en parle et que chacun est capable de dire de quelle conviction il/elle est, du pourquoi il/elle fait les choses… Y a des désaccords mais en fait, on ne bâtit pas une société avec tout le monde qui est d’accord et tout le monde qui se ressemble, ça fonctionne pas du tout, c’est un des modèles que je disais, ça crée des tabous et des non-dits, ou quelqu’un qui s’oublie dans l’identité de quelqu’un d’autre, vraiment ça ne fonctionne pas. Se dire nos désaccords… Après on a des outils, y a des outils de communication non violente, y a des outils de formation aussi pour apprendre à faire ça. Et une fois qu’on est d’accord de pas être d’accord, vraiment ça peut fonctionner. Après on n’est pas tous au même niveau, et ça c’est un gros sujet, et peut-être qu’on le redéveloppera un peu après mais on n’est pas tous au même niveau de connaissances, pas tous au même niveau de conscientisation, y a plus ou moins une conscience de certaines injustices. C’est très très dur de dire on est d’accord de pas être d’accord quand y a des personnes qui pensent que l’homosexualité est un pêché et des personnes croyantes LGBT, là on peut pas dire on est d’accord de pas être d’accord. C’est très difficile. Y a le d’accord de pas être d’accord sur quelque chose qui te concerne toi. C’est là la question de sincérité. Et y a le d’accord de pas être d’accord, ça se travaille beaucoup plus, il faut aller plus loin, il faut se rendre compte de l’impact de ta conviction sur quelqu’un d’autre, c’est ce qu’on appelle aussi la responsabilité de conviction, quand on a une conviction religieuse ou spirituelle, on est aussi responsables de l’impact qu’elle a sur les autres. Donc on peut pas se permettre de juger une personne parce qu’elle a une vie qu’on considère pas bonne et de lui dire… Pourquoi on a le droit de lui dire ? Est-ce que vraiment on a le droit de lui dire ? Est-ce que la différence entre ce qu’on pense et ce qu’on expérimente, ce que la personne vit ? Donc tout ça on l’apprend, et on trace un peu ensemble les limites les choses sur lesquelles on a le droit de pas être d’accord, enfin, c’est pas vraiment un droit, les choses sur lesquelles on peut être d’accord et ne pas être d’accord et on peut quand même construire la société et des choses sur lesquelles on n’arrive pas à être d’accord, on n’arrivera pas à construire la société. Et à chaque fois qu’il y a une nouvelle personne qui rentre dans le groupe, ça change !

Et donc c’est quoi les enjeux actuels sur lesquels vous travaillez ? C’est quoi les constats à l’instant, c’est quoi les obstacles ? 

Y en a pas mal, en tout cas sur les sujets de laïcité. Si on parle de la France… Nous la première chose qui nous inquiète beaucoup c’est le… Enfin je vais utiliser les mots classiques qu’on entend partout. C’est effectivement la polarisation des débats, on est forcément dans une case ou dans une autre et que c’est difficile d’avoir des conversations équilibrées, intelligentes, où y a des nuances où c’est beaucoup plus complexe. L’être humain il est complexe donc forcément la société humaine elle hyper complexe. Donc ça demande beaucoup de travail, beaucoup de bon sens, donc la polarisation de tout ça, ça nous inquiète beaucoup. Et surtout que les premières victimes en fait, quand y a des polarisations des débats comme ça, c’est toujours les minorités et la grande minorité que sont les femmes, de 52%. Quand tout se polarise effectivement pour les minorités c’est compliqué, et aujourd’hui, en France, y a des discussions à la télé notamment contre l’islam qui sont très très problématiques. Vraiment, moi ça me pose beaucoup de questions. On travaille beaucoup sur la mémoire à Coexister. Enfin, la Seconde guerre mondiale, ça fait pas 100 ans et on a encore des discussions contre une religion sans problème à la télé. Tout ce débat autour de la laïcité, c’est quelque chose qui est hyper important et qui est un gros enjeu d’aujourd’hui. C’est un débat qui dure depuis 1905, depuis 1905, depuis qu’on a adopté les lois laïcité, y a deux visions, y a une vision, la laïcité protège, la laïcité c’est la liberté. Et y a une vision de la laïcité sert à combattre pour pas que la religion prenne trop de place. Alors je pense qu’il faut pas être naïf, la religion est capable du pire. Dans l’histoire, elle a été capable du pire. La religion a pu mener des discriminations et encore aujourd’hui, il y a des institutions religieuses qui discriminent. Mais par contre, targeter une religion au nom de la laïcité, ça peut aussi mener à la mort et ça a déjà mené à la mort en fait. Y a un travail qui est incroyable qui est fait par un mémorial qui s’appelle “le camp des milles”, et qui justement fait le parallèle entre tout ce qui s’est passé pendant la Seconde guerre mondiale et ce qu’on vit aujourd’hui et ils disent que vraiment ils ont un indice de menace à la République… Et on n’est pas bien. Sur ce sujet là, on n’est vraiment pas bien. Et nous ça fait partie des choses sur lesquelles on est très vigilants et on fait très attention et on se pose la question à partir de quand il faudra qu’on rentre en résistance parce qu’en fait y a une partie de la population qui est exclue et y a une énorme augmentation des faits anti-religieux.

Et est-ce que la loi a-t-elle changé au cours des années Coexister a travaillé sur ce sujet là ? Est-ce que vous avez poussé, sur quel changement national ou international, si jamais en fait ? 

La loi elle a pas trop changé. Y a eu quand même la loi renforçant les principes républicains l’année dernière ou l’année d’avant qui a été pas du tout dans le bon sens. En tout cas, pour nous, au lieu d’une laïcité qui protège c’était vraiment une laïcité qui punit. Intelligente même pragmatiquement faisable… trop facile quoi. En plus ça a bloqué toutes les associations, toutes les associations étaient énervées. Même le CNAJEP était énervé. C’était pas du tout une bonne manière de faire. Donc effectivement la loi change un peu, mais par contre, avec le débat qui existe depuis des années, c’est plutôt le discours médiatique qui va d’un côté ou d’un autre. Quand je dis médiatique, je targette pas les médias, je dis le discours en général, le discours ambiant qu’on entend. C’est pas que médiatique parce que nous on va dans les écoles et c’est un discours qu’on entend auprès des élèves. La vision de la laïcité elle est vraiment passée sur une laïcité qui est là pour combatrte les religions et notamment pour combattre l’islam qui soi-disant prendrait trop de place en France et donc ça ça a effectivement été de pire en pire. Nous on est très peu entendus, on se fait beaucoup attaquer à Coexister sur ces sujets là. Dès qu’on prend la parole… On a d’abord été traités d’islamistes, et puis d’islamo-gauchistes, puis wokistes, et maintenant y a de plus en plus de monde dans les wokistes donc on agrandit le groupe des copains (rires). On va aller parler à des jeunes dans des lieux de culte qui sont fermés, oui on va aller parler à des jeunes qui pensent que les religions n’amènent qu’à la guerre. Oui, on va aller parler à des jeunes qui sont dans des communautés un peu extrêmes… Pas extrêmes mais qui sont radicaux dans leur pensée. C’est le propre des jeunesses d’être radicaux et c’est bien en fait, c’est comme ça que les choses ont changé depuis des milliers d’années ! Et le discours ambiant, vraiment est contre le fait d’avoir un discours positif sur la place des religions en France. Quand on dit que la religion est la citoyenneté sont compatibles, aujourd’hui on n’a plus le droit de dire ça. Enfin presque plus le droit de dire ça, en tout cas, ce n’est pas entendable. Donc les choses ont beaucoup changé. Donc le plaidoyer qu’on a essayé de pousser ne va pas dans le bon sens aujourd’hui. Mais on continue à le pousser, on rencontre beaucoup beaucoup de gens dans les ministères, dans les administrations qui savent que c’est ça la solution, qui ont très peur d’ailleurs notamment pour les jeunesses de la place du religieux si on n’en parle jamais. Et notamment le gros truc qu’on pousse et qui pourrait peut-être fonctionner, parce que le groupe de travail justement qu’il y a eu sur l’augmentation des faits anti-religieux qui a été rendu janvier, leur première préconisation c’était qu’il y ait une éducation laïque au fait religieux en France. Et nous, c’est vraiment notre demande numéro 1 s’il fallait mettre quelque chose en place, c’est notre axe numéro 1 de plaidoyer s’il fallait qu’on travaille sur quelque chose en France. On est un des seuls pays occidental qui a pas d’éducation laïque au fait religieux, on ne parle pas conviction dans les écoles de France, voilà donc  y a des choses qui sont en train de sortir. Y a beaucoup de gens qui sont convaincus que c’est la bonne manière de faire mais le discours ambiant n’est pas en la faveur de la dédramatisation et de l’équilibre dans la discussion.

Épisode 2 part 2 : Coexister

Et pourquoi vos cibles c’est plutôt des jeunes, de 15 ans jusqu’à 35 ans ? 

Parce que tout au début Coexister se définissait comme un mouvement interreligieux avant de s’approprier tous les sujets de laïcité, les sujets de conviction autres que religieuses. Et en fait y a beaucoup beaucoup de mouvements interreligieux en France, y en a très peu dans la jeunesse en fait. C’était vraiment pour qu’il y ait un mouvement où ce soit les jeunes qui aient la capacité d’organiser les choses. Les 15-35 ans, c’est surtout pour les responsabilités, qui restent en responsabilité ? Après toutes nos actions elles sont à destination de toutes et tous. C’est vraiment pour qu’il y ait un endroit où les jeunes soient au commande de ce sujet. Mais c’est comme beaucoup d’associations de jeunes en France, souvent l’idée c’est un peu ça, c’est pour laisser le pouvoir aux mains des jeunesses, parce qu’aujourd’hui, si  on laisse pas le pouvoir aux mains des jeunesses, si on le sacralise pas, si c’est pas pris par les jeunes en tout cas, les jeunes sont sous-représentés dans toutes les institutions, ça c’est pas un secret. Donc effectivement, c’était pour que ça reste un endroit un peu sacralisé et le jour où il y aura autant de jeunes au pouvoir, peut-être que Coexister changera parce que y aura pas besoin d’un endroit sacralisé pour les jeunes. Mais ce qui permet aussi d’avoir un endroit où t’es accepté dans toute ton identité, et en plus, c’est toi qui diriges, tu peux arriver à Coexister, et deux mois après être responsable d’un groupe et six mois après être au conseil d’administration. C’est pas l’âge qui compte en fait quand on veut s’engager pour sa société, pas du tout. Au contraire.

Quelles sont les approches et comment vous vous apportez ces questions là aux jeunes de ces tranches d’âge ? est-ce que ça change ? comment vous observez un peu les réactions des jeunes face à cette question ? 

Première réaction principale c’est ce qu’on appelle le parcours Coexister, c’est un parcours d’un an, qui est fait par groupe de proximité. C’est souvent des groupes dans des villes, on n’est pas encore présents en milieu rural, donc c’est beaucoup dans des villes. C’est pas dans des quartiers parce que le but c’est d’avoir le plus de mixité possible donc c’est pas un quartier particulier, c’est des mélanges de quartier.

Villes c’est-à-dire ? Paris ? 

Les plus grandes villes, Paris, Angers, Lyon, Lille… Et c’est entre 20 et 40 villes chaque année parce qu’en septembre les groupes se relancent donc c’est là où qu’il y a des personnes qui veulent reprendre, lancer ou relancer un groupe. Ça dépend des années, et donc pendant un an, ils vivent trois types d’actions : la partie, “se rencontrer”, dont je parlais tout à l’heure, apprendre qui est l’autre. La partie “agir ensemble” donc en général ils choisissent une orientation d’année sur l’action citoyenne qu’ils veulent faire. Donc ça peut être la maison de retraite qui est juste à côté donc pendant un an aller animer des ateliers toutes les deux semaines. Ça peut être avec le café populaire on a plusieurs actions, ça peut être des cafés de rue toutes les semaines. Ou ça peut être agir pour le climat, d’ailleurs y a beaucoup de mouvements qui naissent et qui mettent une conviction religieuse au service de la planète, c’est très intéressant. Et le troisième type d’actions et là y a deux type de bénéficiaires, y a les jeunes de Coexister, donc qui sont déjà des jeunes leaders de paix, des jeunes qui font un an, ils apprennent à être de plus en plus leaders sur les questions de religion, laïcité en France. Donc c’est eux qui animent, ils animent des ateliers en milieu scolaire et le but de ces ateliers c’est des ateliers de deux heures (l’atelier classique) après on a plusieurs formats selon les demandes. On parle de qu’est-ce que la laïcité ? On parle de préjugés, de la déconstruction de préjugés autour de faits convictionnels et du fait religieux et un peu de vivre-ensemble, coexistence active qu’est-ce que c’est, comment vivre ensemble dans sa classe et tout ça. Et là y a les jeunes élèves – collège/lycée – et d’ailleurs 23% des jeunes de Coexister viennent des milieux scolaires ou associatifs, on fait aussi des ateliers de sensibilisation auprès des mouvements de jeunesse. Ça c’est la première grosse action, et après on a d’autres formes d’action qui permettent de diversifier un peu, on a un parcours de déconstruction de préjugés sur internet. On fait des formations, on a une grosse formation qu’on appelle “Campus Coexister” où c’est quatre jours de formation sur c’est quoi les monothéismes, qu’est-ce que l’athéisme, qu’est-ce que la laïcité, mais aussi justement sur les discriminations LGBT en France ça veut dire quoi ? Égalité femmes/hommes, coexistence active… Donc voilà c’est quatre jours sur ces sujets là.

Comment les jeunes réagissent face à ce sujet là ? Parce que je crois qu’il y a pas mal de jeunes qui entendent pour la première fois ce sujet là ce qui lui donne de la réflexion sur ce sujet.

On sort d’une mesure d’impact donc on a des réponses un peu plus précises. Y a pas mal de réactions et en tout cas, la première réaction c’est d’être heureux de pouvoir en parler parce qu’on sent que c’est un sujet dont on peut pas parler souvent. Ils peuvent souvent en parler en famille mais très très peu à l’école et encore moins avec les copains sauf dans certains milieux et dans certaines écoles, notamment des écoles convictionnelles où souvent ils en parlent déjà. La première question c’est vraiment le sujet est trop bien. La deuxième question c’est prendre conscience de ses préjugés, donc ça c’est hyper intéressant juste de planter la petite graine et de comprendre ça. Ce qui me fascine c’est que les préjugés changent très très vite. Pas tous, ya  des préjugés qui sont ancrés depuis des années, on galère à les faire sortir, et après y a des sujets qui sont plantés régulièrement. L’exemple typique c’est que y a une dizaine d’années quand j’allais en sensibilisation, une des plus grosses croyances c’était qu’il fallait qu’on se ressemble tous pour bien vivre ensemble. Aujourd’hui c’est plus du tout le cas, au lycée et au collège, plus personne ne croit qu’il faut qu’on se ressemble, au contraire, les identités sont très très fortes et de plus en plus fortes. Par contre, la nouvelle chose à déconstruire c’est que maintenant y a un espèce de fantasmes qu’on est dominé par des minorités et tout le monde a une minorité différente qui domine ce qui est complètement paradoxal, en ayant des identités plus fortes… Les féministes qui décident de tout, les musulmans qui décident de tout, la communauté LGBT qui décide de tout…

Et donc parle-nous de l’inclusion au sein d’une association et en tant  qu’association pour la lutte et contre les discriminations et pour l’inclusion comme Coexister. Avez-vous des dispositifs à mettre en place dans votre fonctionnement pour assurer un milieu associatif inclusif, pour tout le monde ? 

Passionnant ! Vraiment c’est passionnant. Donc oui, on a quelques dispositifs dans le parcours éducatif, notre formation. La première c’est des méthodes d’interaction, la communication non violente, à converser comme ça, à se l’approprier, les formations dont je vous parlais, apprendre la théorie. Y a aussi les créations d’amitié, apprendre par la théorie et par l’empathie. Ça fonctionne aussi très très bien. Et après, prendre conscience des mécanismes des personnes qui sont en leadership qui sont très très formées pour comprendre les mécanismes de discriminations, de micro-agressions. Le sujet qui est hyepr intéressant c’est que chaque année, on a des personnes, ce seront des personnes beaucoup plus déconstruites, elles auront pris conscience de certaines choses. Et quand elles arrivent en septembre, c’est possible qu’elles aient plein de petites micro-agressions. Tout le monde n’est pas au même niveau de conscience des injustices et de l’envie de les combattre. Est-ce qu’on est conscient de ces micro-agressions ? Est-ce qu’on les laisse ? Est-ce qu’il faut qu’on prenne toutes ces personnes et qu’on les intègre après ? Et en même temps la mixité… Et comment on juge qui est plus déconstruit que l’autre ? Donc c’est pour ça que tous les ans on remet les choses en question pour éviter qu’il y ait des personnes qui soient pointées du doigt parce qu’ils ont pas appris, donc c’est pas forcément de leurs fautes, et en même temps, les personnes en face n’ont pas à se prendre dans la figure des remarques. Donc chaque année on réajuste un petit peu. Le gros réajustement c’est que les personnes qui sont en leadership, qui animent dans les groupes locaux, c’est des personnes qui ont choisi, qui sont conscientes de ça, qui ont une posture de jeunes leaders, de leaders tout court pardon et qui savent gérer ça et apprendre à chacun et chacune d’évoluer sans être targetté.es et sans qu’il y ait des propos violents.

C’est vraiment important d’avoir ces dispositifs au sein d’une association en général. Parce qu’on a des valeurs plutôt extérieures qu’on veut partager avec notre public. Comment on peut relier ces valeurs externes avec celles en interne ? 

T’as raison, c’est hyper important. Et puis en plus, nous, notre plaidoyer vient du terrain. On ne peut défendre que quelque chose qu’on vit. Donc il faut absolument que ce qu’on vit soit vrai et possible. Et après, en fonction de ce qui est vécu, on ira voir les pouvoirs publics, vraiment, scientifiquement, on l’a expérimenté. Parce qu’on a utilisé des mécanismes qu’on n’a pas inventé, ça vient de l’éducation populaire depuis des années. C’est très important d’être en cohérence, on peut pas défendre un modèle de société si on ne peut pas le vivre. Donc oui, c’est pour ça, ça nous demande de le construire.

Est-ce que tu as rencontré une situation discriminatoire au sein de l’association ? 

Sur nos sujets, en tout cas sur les sujets convictionnels, y en a moins parce que les personnes arrivent et c’est ce qu’elles ont envie d’apprendre. Donc quand elles arrivent elles font plus attention. Sur les autres types de diversité par exemple sur l’égalité femmes-hommes, sur les discriminations LGBT y en a, sur l’homophobie y en a, sur le racisme y en a aussi un peu, quoique diversité de convictions et racisme on fait beaucoup de travail très vite de lier les deux mais y en a clairement, donc nous on a tout tout mis dans le parcours éducatif, on a longtemps hésité à le mettre dans le plaidoyer, pour que ce soit un peu plus intersectionnel comme on dit, qu’on s’allie à des mouvements féministes et tout ça, et on a tendance à le faire de moins en moins parce que principalement le discours se polarise et on ne veut pas qu’il y ait des jeunes qui ne viennent pas parce qu’ils se disent “ah c’est féministe c’est pas pour moi” alors qu’ils veulent parler de leur foi. En fait, il faut qu’on utilise notre levier à fond. Et une fois dans Coexister c’est par l’éducation qu’on le fait, sans shamer des personnes, ça sert à rien de shamer des personnes, le but c’est qu’on soit transformés. Donc oui y en a, moins sur d’autres sujets. Par contre, je crois que c’est comme toutes les associations, moi tous les ans j’ai à gérer des violences sexuelles et sexistes au sein de Coexister, c’est un vrai sujet. on est plusieurs associations à travailler ensemble pour mettre en place des mécanismes les plus puissants possibles pour réussir à prévenir. On est une association qui utilise la conviction mais une des premières formations c’est de la prévention contre les violences sexistes et sexuelles, puisque c’est une violence qui est très présente, c’est un sujet et il faudrait qu’on ait une aide. Chaque année, j’accompagne les victimes, y en a encore une qui a porté plainte. On s’organise en tant qu’association, y a plein d’autres associations notamment avec les Scouts et Guides de France. C’est passionnant de voir comment la société civile s’organise pour prévenir ces violences mais à un moment il va falloir aller plus loin, au niveau systémique je pense, parce que là c’est très problématique.

Est-ce que la discrimination provient d’une membre ou d’un membre ton asso ou ça vient d’un collaborateur.ice ? Comment t’as repéré cette situation en fait ? 

On informe tout le monde, pour savoir comment est la chaîne pour voir à qui il faut parler de ça. On avait même créé un numéro de téléphone pour que les personnes puissent appeler pour dire “voilà, j’ai subi ça…” et pour pas savoir qui était derrière l’appel. Y a une adresse mail dédiée à ça aussi si la personne veut écrire. Y a des personnes différentes qui ont été formées avec Nous Toutes qui ont des formations hyper intéressantes sur comment accueillir la parole et accompagner une personne victime. Dès qu’on a une situation, y a une enquête qui est menée par deux personnes qui ont été formées et après y a tous les mécanismes des leaders locaux, les délégués territoriaux, tout le monde est formé pour pouvoir spotté si jamais il y a une violence, une discrimination. S’il y a une violence, c’est tout de suite, mis de côté, la personne est suspendue, vraiment, le temps qu’on enquête et ensuite y a une décision qui est prise. Si c’est une discrimination, y a peu de comportements discriminants, y a beaucoup de ce qu’on appelle les micro-agressions, mais il faudrait qu’on trouve un autre nom pour ça parce que c’est quand même des agressions. J’utilise souvent ce mot là parce que c’est le mot que tout le monde comprend. Les personnes ne sont pas discriminées par des comportements mais par des phrases banales qui font très très mal. Ça y en a pas mal, et ce qu’on appelle les connecteurs et les connectrices, les personnes qui sont en responsabilité sont formées pour arrêter et reprendre.

Et comment apportez-vous les questions de lutte contre les discriminations entre bénévoles et membres? 

Tout le monde est formé un peu pareil, en fonction des discriminations, et après, le bureau national porte une parole très puissante sur “on ne laissera rien passer”, tout en laissant l’équilibre de “vous venez d’arriver”. En tout ça, j’excuse les maladresses, qui ne sont pas des maladresses, mais vraiment le temps de comprendre et de s’éduquer et de s’auto-éduquer à comprendre l’altérité mais dès qu’il y a une violence ou un propos discriminant, là le bureau national a une parole très très forte et y a des espaces pour en parler. On se connaît en fait, donc c’est plus facile, on fait trois événements nationaux par an pour justement se rencontrer et qu’on puisse se dire les choses si jamais y a quelque chose qui se passe mal. Et c’est aussi pour ça que y a des délégués territoriaux qui vont aussi dans tous les groupes, et qui sont formés pour être hyper vigilants sur ça. C’est vraiment un vrai sujet, c’est hyper intéressant mais on sera jamais jusqu’au bout. On travaille avec beaucoup d’associations partenaires sur ces sujets-là. Pour pouvoir aider à combattre les discriminations qui peuvent y avoir au sein d’une association, forcément il y a des difficultés. Il faut qu’on trouve le juste équilibre entre ne pas être un mouvement que de gens qui sont d’accord et qui ont déjà fait tout leur parcours, et qui sont hyper au courant de tout ce qu’il se passe, et du poids des mots qu’ils peuvent dire ; et en même temps, que tout le monde devienne comme ça mais en même temps ce que je disais tout à l’heure qu’on soit pas obligés de se prendre dans la figure des propos qu’on n’a pas envie.

Quelles sont les activités, lesoutils que vous avez organisés afin d’aider des personnes d’aider des personnes qui se sentent assez marginalisé.e.s, pire en fait, discriminé.e.s dans l’association? 

J’en ai déjà parlé de quelques uns, effectivement, le fait d’avoir une adresse directe, le fait d’avoir des personnes en leadership qui sont formées. On a fait aussi des groupes en non mixité, des groupes de réflexion en non-mixité notamment sur les question de l’égalité femme-homme, sur la question des personnes LGBT au sein de Coexister. On a eu un groupe de non-mixité, ces personnes ont réfléchi à quelles places elles voulaient avoir, comment on mettait ça en place au sein de Coexister, est-ce qu’on passait que par l’éducation ? Est-ce que y avait un besoin de défense dans le plaidoyer ? Et ce groupe a fait un rapport qui a été soumis au conseil d’administration et qui a été voté. Donc on utilise parfois les mécanismes de non-mixité pour les discussions et pour que les besoins puissent être discutés sans être interrompus. On est assez ouverts aussi, si des personnes veulent mener un projet ou un autre.

Et du coup, la lutte contre les discriminations et la sensibilisation vers l’inclusion c’est pareil ? 

Je pense que l’un est le mécanisme de l’autre. Si on veut sensibiliser à l’inclusion, si on veut arriver à l’inclusion, c’est indispensable d’arriver à une partie lutte contre les discriminations.

Parce que ya  des situations où des personnes peuvent être discriminées mais il y a d’autres situations où une personne se sent exclue. On parle de micro-agression mais c’est plus le sentiment d’être exclu. 

C’est ce qu’on appelle la lutte contre le gang des cools (rires). Parce que dans tout groupe, y a les cools. “Il faudrait”, “on veut”, on a du mal humainement à combattre cette manière de faire que ce soit lié aux comportements discriminants, agressions, tout peut êtr elié effectivement. Donc nous y a un vrai sujet sur ça, on en parle beaucoup. Notamment quand on se rassemble, les gros rassemblements nationaux, c’est une des vigilances, un des devoirs de l’équipe nationale justement de faire en sorte qu’il n’y ait pas de gang des cools, d’avoir cette vigilance. On a des petits mécanismes pour faire en sorte de séparer des groupes dans d’autres groupes, pendant les repas, les incruster. On a des gardiens (rires) et gardiennes pour que personne se sente exclu.e. Et après une ultra conscience en tant qu’association que dès qu’une nouvelle personne arrive dans l’association, toute l’association doit bouger en fait, c’est ça l’inclusion. Donc quand la personne arrive avec ses besoins, y a aussi un mécanisme maintenant, tout le monde sait comment ça fonctionne donc très vite on demande…

Mais en fait quelles sont les difficultés ? Est-ce que tout le monde peut parler aisément de son expérience, parfois c’est des expériences douloureuses à partager…

Le secret nous, c’est d’avoir conscience que c’est pas facile. En fait, vraiment, on est formés à savoir qu’il y a des inégalités, on travaille pas mal avec des sociologues, dans le conseil scientifique on a aussi des sociologues. C’est justement pour comprendre, qu’on sache qu’il y a des inégalités, faut le savoir. Quand une personne est en charge de répartir la parole, il faut qu’elle sache que les femmes vont moins parler que les hommes et la répartir sans rendre ça super gênant. C’est vraiment avoir conscience que tout ça existe et ensuite mettre en place des mécanismes. On a essayé plusieurs choses, les mécanismes de temps de parole, les mécanismes… Et en fait, y a beaucoup de gens que ça mettait mal à l’aise, des femmes qui se sentaient obligées de parler et qui s’envoyaient des messages entre-elles en disant : “il faut que tu parles, y a que des hommes qui parlent” et en fait les femmes n’avaient pas envie de parler. On a testé plusieurs choses. Aujourd’hui, on le fait beaucoup plus sur la prise de conscience et le bon sens que par des mécanismes hyper strictes. Peut-être qu’on rechangera, vraiment on teste des trucs régulièrement et en fait tout ça, on s’approprie des outils d’organisations partenaires qui travaillent sur ces sujets-là, c’est elles.

Et avez-vous une charte des qualités dans l’asso ? Par exemple des qualités sur la répartition de parole ? 

Non, on n’a pas fait de choses aussi formelles, on a une charte de respect de l’identité de l’autre.

Et des indicateurs ? 

Non on n’a pas d’indicateurs de suivi non… Tout ça on n’a pas mis en place et ça demande beaucoup de travail et beaucoup de… Donc pour l’instant on est dans le “tout le monde a conscience” et “tout le monde c’est ce qu’il faut faire”, en tout cas, ceux qui sont en leadership, vraiment. Quand on aura de l’argent en plus de la part d’une fondation qui voudra nous donner plein d’argent, on pourra le faire (rires).

Et as-tu des conseils pour les autres associations sur les bonnes pratiques à mettre en place pour assurer un safe place et un espace inclusif ? 

Y a beaucoup d’autres associations qui ont déjà beaucoup d’autres pratiques. S’il y a bien un milieu qui réfléchit à ça, c’est l’éducation populaire et les mouvements de jeunes surtout. C’est impressionnant en vrai en termes de choses qui sont créées. Je pense que nous, franchement, jouer sur, en tout cas jouer fin compter, se reposer sur le bon sens, la formation et l’empathie des personnes qui sont en responsabilité, ça permet de trouver de l’équilibre entre protéger des personnes et ne pas en exclure d’autres et laisser à chacun le temps d’apprendre. Après, pas toutes les associations ne sont pas censées faire ça, les associations de lutte ou les associations qui sont des groupes de parole ou des choses comme ça elles ont pas forcément à penser l’inclusion, c’est pas grave. Le but c’est qu’elle prévoit un safe place par exemple pour les femmes. Nous qui sommes un mouvement de mixité, il faut qu’on soit inclusifs pour tout le monde. Mettre des personnes qui sont hyper conscientes de tout ça, et qui peuvent de manière naturelle et bienveillante et avec bon sens, donner à chacun et chacune sa place. Je pense, c’est important. Et la deuxième chose c’est mettre notre expertise en commun. Vraiment, on a des savoirs faire très précis chacun et chacune. Travailler ensemble c’est vraiment le secret pour construire une société qui un jour sera un peu plus élargie.

Et du coup, un dernier mot. Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ? 

Mmm pas grand chose, c’est vrai que c’est difficile de créer des espaces de mixité 100% aujourd’hui. C’est très très bateau ce que je vais dire mais en fait il faut pas hésiter à remettre un peu d’amour et de bon sens dans nos relations. Si y a bien un truc que j’ai appris et que j’expérimente tous les jours, c’est que de se faire confiance, d’arrêter de croire que la personne en face elle va essayer de nous arnaquer ou qu’elle est malveillante alors qu’elle est peut-être maladroite et peut-être blessée, ça change tout en fait. Se refaire confiance les uns et les unes les autres pour construire ce qu’on a envie de construire et si on n’a pas confiance en ce qu’ils nous dirigent, un jour être ceux qui nous dirigent mais en attendant il faut vraiment faire confiance les uns aux autres et y aller ensemble, parce que sinon on va devenir ceux qui nous dirigent et en qui on n’a plus confiance parce qu’ils ont pas confiance les uns en les autres.

Merci Anne Plouy, directrice de Coexister d’avoir participé à notre podcast “Les discriminations, on en parle?” d’Animafac. Merci à nos auditeurs et nos auditrices d’avoir écouté notre épisode jusqu’au bout et d’être sensibilisé.es sur la question de l’inclusion. On se retrouve la prochaine fois.

Épisode 3 : le CAELIF

“Les discriminations, on en parle ?”, une série de podcasts d’Animafac sur la sensibilisation autour de la lutte contre les discriminations et la mise en place des bonnes pratiques au sein de l’association.

Ceci est un projet proposé par Animafac financé par la région Île-de-France et la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT. Écoutez nos nombreux acteurs et actrices engagé-es.

Bonjour, merci d’avoir accepté de participer au podcast “Les discriminations, on en parle ?”. Peux-tu commencer par te présenter ?

Bonjour, merci pour l’invitation. Je m’appelle Rayan, j’ai 20 ans et je suis étudiant en licence de droit. Je suis membre d’Assas LGBT+ et président du CAÉLIF, le collectif des associations LGBTQIA+ d’Île-de-France.

Pourquoi as-tu choisi de t’engager au CAELIF ?

J’étais engagé à l’Assas LGBT+ donc l’association de défense de droit LGBT+ au sein de mon université. Je l’avais rejoint après avoir participé à une marche pour la PMA (procréation médicalement assistée) à Paris et dans la foulée, j’ai rejoint l’association parce que je ne voulais pas m’arrêter là dans mon combat. Ensuite, concours de circonstance, j’ai été amené à connaître le CAÉLIF, rencontrer les membres et je suis devenu président en novembre.

Et c’est à partir de là que tu es passé de travailler pour une association étudiante à un réseau d’associations ?

Oui, c’est assez différent entre les deux, je reste membre et je mène des actions avec les deux. Certes, ce sont des actions différentes, mais elles sont complémentaires et je suis très content de pouvoir m’engager au sein des deux associations.

Vois-tu les différences entre l’engagement dans une association membre et l’engagement dans un réseau interassociatif ?

Oui, il y a de grosses différences. Pour commencer, le CAÉLIF a été créé en 2001, ça fait donc plus de 20 ans qu’il existe et l’Assas LGBT+ a été créé en 2018 et il faut savoir qu’ils n’ont pas le même objet. Le CAÉLIF s’engage dans toute la région et rassemble dix-neuf associations dans toute la région d’Île-de-France de plein d’écoles et d’universités différentes. Donc ça passe de La Sorbonne à Polytechnique, à Sciences Po… Et ce sont des actions qui doivent parler à un public plus large, au national même, je dirais même si on rassemble des assos de la région. Quant à Assas LGBT+, on a vocation à faire bouger les choses au sein de l’université, à lutter contre les LGBTphobie au sein de l’université, à parler aux étudiants.

Et c’est au sein de l’ensemble des universités ou qu’au sein de l’université Assas ?

-Au sein de l’Université Assas, même si on communique sur les réseaux sociaux et donc on espère aussi être visible. Mais notre objet c’était de lutter contre les discriminations au sein de l’établissement. Comme en fait les 19 associations qui nous composent luttent contre les discriminations au contact de leurs universités, de leurs écoles ; elles connaissent bien les étudiantes et les étudiants, elles ont une relation un peu de fidélité avec eux et les gens leur font confiance pour se confier ou encore mener des actions ensemble.

Que fais-tu dans l’association en tant que Président ?

En tant que président, je mène à bien le projet qu’on s’est fixé pour l’année. Je me suis fait élire sur deux objectifs, à savoir la relance de l’association parce qu’après le covid, on a pris un sacré coup comme beaucoup d’associations. On a perdu beaucoup d’activités, on a perdu des membres, et donc on avait plus beaucoup de vies à l’intérieur de l’association, on était un peu dans le coma. Et suit à ça, l’objectif était de se relever, de remmener des actions, d’être vivant, d’être actif parce que sinon, c’est une cause qui est lâchée, nous sommes là pour une cause et si celle-ci n’est pas portée, j’estime qu’on avance moins vite. Et le deuxième objectif, c’était l’élection présidentielle qui arrivait ; j’ai été élu en novembre 2021 et j’avais donc en ligne de mire l’élection présidentielle 2022 non pas pour me présenter [rire] mais pour peser dessus parce que la communauté LGBT+, on était absent de la campagne comme les enjeux de jeunesse d’ailleurs… Et donc mon rôle était de porter un plaidoyer et c’est ce qu’on a fait avec 9 propositions pour rendre l’enseignement supérieur plus inclusive et on a envoyé ses propositions aux équipes de campagnes des candidats. On a aussi invité les représentants jeunesse des candidats à l’élection présidentielle, personnellement, je leur ai donné nos propositions et on les a interrogés aussi sur certaines propositions pour savoir ce qu’ils en pensent de ses propositions et des enjeux LGBT+. Le but était vraiment que l’enjeu LGBT+ soit présent dans la campagne, on l’a fait à notre échelle bien qu’on soit toujours en difficulté pour relancer l’activité.

On s’est exprimé lors de cette campagne, on a sorti des propositions maintenant, c’est au personnel politique de s’en saisir, aux députés, aux sénateurs, sénatrices, ministres, au président, premier ministre… C’est à tout le monde de s’en saisir ! Aux collectivités territoriales, au chef d’établissement ; les propositions sont là, sur nos réseaux sociaux, sur notre site, vous avez juste à les prendre, ce sont les vôtres et faites-en quelque chose.

Au niveau de l’organisation de CAÉLIF, est-ce que vous votez pour des axes d’intervention chaque année ou comment cela se passe-t-il ?

On a construit des partenariats sur plusieurs années notamment avec Crous donc on fait des interventions dans les Crous, pour sensibiliser aux enjeux LGBT+, on a aussi des relations avec des chefs d’établissement par exemple, ou encore la ville de Paris. On participe à des événements et on est invités à des réunions quand il s’agit d’enjeux LGBT+.

Aujourd’hui, ça va faire 20 ans qu’on existe, on est assez identifiable et on peut être consultés et intervenir nous-même et les associations savent très bien que quand elles font des événements, elles peuvent les communiquer au sein du réseau et on est là les uns pour les autres, on est 19 associations et on est solidaire entre nous.

Quels sont les rôles d’un réseau inter-associations ? Est-ce que vous êtes différents avec les rôles d’une association ? Quel est le cœur de vos activités ?

Premièrement, c’est encourager l’inter-associativité, on travaille ensemble, on échange et on apporte notre expérience, ce sont nos objectifs. Dans notre inter-association, au sein du CAÉLIF, on a des associations comme celle de Polytechnique qui a plus de 20 ans et celle, par exemple, de l’association LGBT+ qui a 4 ans. Ce sont donc des expériences différentes grâce à quoi on s’apporte des conseils et on se dit quels projets on a mené au sein de notre établissement, est-ce que ça a fonctionné ? Comment il faudrait le mener ? Des fois des questions très techniques qui nous permettent de partager nos expériences pour que ces activités-là soient reprises dans d’autres établissements, par d’autres associations et c’est assez enrichissant.

Ensuite, il y a aussi les projets qu’on mène entre nous, par exemple le plaidoyer pour l’élection présidentielle, c’était au nom des 19 associations qui nous composent. On a tous des expériences différentes, les associations sont elles-mêmes différentes, par exemple les associations des écoles de commerce ne sont pas les mêmes que les associations des universités comme La Sorbonne. Ce sont d’autres méthodes, d’autres formes de militantisme et parfois, ce sont même d’autres visions, mais on a tout de même un socle commun qui est l’égalité des droits. On a aussi vocation à mener des actions ensembles et c’est ce qu’on a fait depuis 20 ans, c’est ce qu’on a fait pour le mariage pour tous, c’est ce qu’on fait chaque année à la pride. Alors 19 voix certes, mais au final, on a une grande voix qui rassemble ces 19 voix.

La première mission d’un réseau associatif est d’encourager l’inter-associativité. On travaille ensemble avec 19 associations avec des expériences et connaissances différentes, comme celle à l’Université Polytechnique qui existe depuis déjà 20 ans. On anime le réseau et on apporte aussi des conseils sur les questions techniques, les pratiques pour qu’elles soient reprises par d’autres associations. D’ailleurs, le Caélif a ses propres projets, comme le plaidoyer auprès des vice-présidents de l’Etat au nom de 19 associations membres. Sachant qu’on a différentes visions et méthodes de travail mais on partage un socle commun: l’égalité des droits. On a la vocation d’agir ensemble pour cet objectif, ce qu’on a fait depuis 20 ans, comme le mariage pour tous chaque année à la Pride. On est une grande voix qui rassemble toutes les voix de nos 19 associations impliquées.

Comment vous rassemblez ces voix ?

Eh ben on discute [rire] ! On discute, on échange…

Est-ce que vous avez un comité ?

Oui, on a le conseil des associations qui est un peu notre AG (assemblée générale), ce sont les associations qui élisent le bureau et chaque association à une voix pour voter peu importe le nombre de ses membres. Même si une association à 150 membres et qu’une autre à 2 membres, elles ont la même loi pour voter, pour élire le bureau, pour voter pour un projet, si on le fait ou si on ne le fait pas. C’est l’organe principal.

Combien de personnes y a-t-il dans le conseil d’administration ?

Alors, il y a 19 associations, mais elles peuvent être représentées par des personnes différentes. Quand il y a un changement de bureau, c’est une autre personne ou quand le président n’est pas là, ça peut être le vice-président ou la vice-présidente ou lea secrétaire générale qui le remplace. Peu importe, ça peut être des personnes différentes pour l’association, mais, au final, c’est l’association en elle-même qui va voter et donc, elle aura une seule voix peu importe la personne qui la représente.

Quand le réseau CAÉLIF présente un projet de plaidoyer auprès des députés, des ministres… Discutez-vous entre les 19 associations avant, pour avoir un dossier commun ?

Pour porter le plaidoyer de l’élection présidentielle de cette année, on a ouvert un groupe de travail et une grande consultation où tout le monde pouvait apporter ces propositions, même une personne qui n’était pas au CAÉLIF pouvait ajouter son idée. Et à la suite, on a ouvert un groupe de travail ouvert à tous les membres des associations membres. Donc, ça pouvait faire beaucoup de personnes et en travaillant ensemble, on a pris les propositions qui nous ont été soumises tout en y soumettant quelques-unes aussi. On a décidé ensemble si on les modifiait, si on les gardait et au fur et à mesure, on envoyait là où on en était dans notre travail pour en discuter à 19 associations. On leur a demandé, est-ce que ça vous va ? Avez-vous d’autres choses à apporter ? Est-ce que vous voulez rejoindre le groupe de travail ? Bien évidemment, tout le monde pouvait y assister et effectivement, on est arrivé à des propositions portées par les 19 associations auxquelles elles adhéraient. C’est pour cela que je dis qu’à 19 voix, finalement, on a une seule et même voix qui est plus forte et a porté, je pense, à l’échelle de la France.

Et cette année, quels sont les obstacles,  constats, enjeux actuels ?

Le constat c’est que les enjeux LGBT+ sont absents du débat public. On essaye de se faire entendre et ça passait par le plaidoyer, par le débat, par le fait qu’on aille chercher nous-même les candidats, qu’on toque à leurs fenêtres pour leur soumettre des propositions. Et le constat, c’est des inégalités qui subsistent sur les personnes intersexes qui sont encore mutilées, sur les hommes trans. Avec la PMA, récemment, le conseil constitutionnel a validé l’inégalité qui fait qu’aujourd’hui un homme trans ne peut pas avoir recours à la PMA. Et c’est aussi que les universités, les écoles, l’établissement d’enseignement supérieur peuvent faire plus et peuvent se saisir réellement des enjeux, former le personnel… Il y a tellement de choses à faire ; on propose que le personnel qui est au contact des étudiants, étudiantes, les professeurs, les chargés de TD soient formés aux questions LGBT +. On demande aussi à ce que les journées de sensibilisation comme les journées du 17 mai, le mois de juin soient des occasions pour les établissements d’enseignement supérieur de sensibiliser en faisant des événements, en travaillant même avec les associations LGBT+. Soit des occasions de sensibiliser, des occasions de porter une voix, de visibiliser la communauté… Il y a tellement de propositions, que je vous conseille d’aller vous renseigner auprès du CAÉLIF sur les réseaux sociaux et sur le site internet où il y a toutes les propositions qu’on a portées pour l’élection présidentielle qui est passée, mais qu’on porte encore.

Est-ce que vous avez constaté des changements du comportement social et des changements sur la loi sur ce sujet depuis que le CAÉLIF existe ?

Le CAÉLIF existe depuis 2001. À l’époque il n’y avait que le PACS, aujourd’hui on est en 2022 et il y a le mariage pour tous, il y a la PMA pour tous sauf pour les hommes trans. Et donc oui, on a vécu des évolutions, et c’est motivant car ça veut dire que ce qu’on fait sert à quelque chose. Nous et toutes les associations qui se sont mobilisés, en 2013 le CAÉLIF s’est énormément mobilisé pour que cette inégalité cesse, pour que les personnes homosexuelles puissent se marier parce qu’ils ont le droit de célébrer leur amour. Et donc au final ça a évolué la loi à changé et a été adopté, depuis maintenant presque 10 ans c’est en place. Encore une fois, oui, on a vécu des évolutions et on espère en vivre encore !

Et qu’avez-vous fait concrètement afin d’améliorer la situation en termes de droit LGBTQ+ ?

On a manifesté, on a été dans la rue tout simplement. Et on a aussi porté une voix sur le côté plaidoyer donc en ligne. Sans oublier les affiches qu’on a collées.

Quelles sont les cibles des activités de CAÉLIF ?

Les cibles c’est l’enseignement supérieur, les étudiants et les étudiantes, mais c’est aussi les professeurs, le personnel, les chargés de TD. C’est tout ce qui touche à l’enseignement supérieur parce qu’aujourd’hui, on porte la voix des étudiants étudiantes LGBTQ+.

Avec tous les profils avec lesquels vous travaillez à savoir les politiciens, les députés, les professeurs, le personnel de l’établissement supérieur, comment les voyez-vous ? Ces profils, sont-ils sensibilisés, motivés et mobilisés sur ce sujet ?

Ça dépend, il y a des administrations qui sont très motivées pour faire des journées de sensibilisation, pour faire des activités, pour faire tout plein de choses. Et il y a des administrations qui peuvent être un peu moins sensibilisées et un peu moins intéressées. Mais globalement, on voit les chefs d’établissement et les administrations comme des partenaires. On va aller chercher à leur exposer les projets, des fois on insiste on milite vraiment pour que ce soit mis en place, mais on ne dépend pas d’eux non plus.

Donc oui, on les sollicitent beaucoup, les associations membres les sollicitent beaucoup, on essaye d’obtenir des projets, on essaye d’obtenir des fonds, on essaye d’être soutenu. Toutefois, que l’on soit soutenu ou non on est là, toujours là avec un stand et avec un drapeau. On sera toujours présent qu’on est de l’argent ou pas en fait [rire]. Mais je continue à avoir espoir que les administrations soutiennent les projets encore plus et qu’ils se saisissent de ses enjeux.

Et hormis l’aspect du plaidoyer, avez-vous d’autres interventions que vous pensez faire à l’avenir ? Avez-vous des actions pédagogiques destinées au public ?

En tant qu’association LGBT+, sur les réseaux sociaux qui est un outil qui est très pratique, on essaye de sensibiliser, on communique quand il y a des journées importantes, par exemple la journée de visibilité lesbienne. D’autant plus que c’est une journée qui n’est pas forcément très connue, on la met en valeur, on en parle, on met en avant une personnalité.

Ce qui nous permet, sur les réseaux sociaux, de faire des posts, des vidéos où on explique des notions ; par exemple avec le CAÉLIF, on a expliqué ce qu’était une LGBTphobie parce que tout le monde ne la connaît pas. Et c’est toujours mieux d’avoir une approche bienveillante voilà pourquoi on explique, on expose au lieu de rester entre nous.

Le but est de faire changer d’avis ou de sensibiliser les gens et je pense qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont un super outil à prendre, c’est l’outil principal. Même si on fait quand même des interventions auprès des CROUS pour sensibiliser, on fait des conférences, des événements à destination de tout le monde pour continuer de sensibiliser.

Finalement, je trouve que l’éducation, très tôt, est l’axe le plus important car on ne naît pas intolérant, on ne naît pas sexiste, on ne naît pas raciste, pas LGBTphobe mais, on le devient. Voilà pourquoi l’éducation très tôt est importante et c’est peut-être moins efficace lorsque l’on est étudiant, mais je trouve que c’est quand même pertinent parce qu’on est aussi en construction. Mais l’éducation, c’est l’un des axes les plus importants pour moi.

[musique]

Quelles sont les difficultés rencontrées dans le réseau ?

Les difficultés, c’est la mobilisation depuis la pandémie. La mobilisation des membres ou la mobilisation des établissements ? Bah déjà les ressources humaines j’ai envie de dire soit, les membres. On a du mal à mobiliser autour de projets, on a du mal à mobiliser en termes de monde. Depuis la pandémie, il y a une baisse de mobilisation que je comprends tout à fait, il y a énormément de difficultés surtout dans le milieu étudiants ; il y a eu des dépressions, des difficultés financières, toutes sortes de difficultés. Et donc forcément les associations étudiantes ont pris un coup et ont perdu en mobilisation.

Les conséquences se font encore ressentir aujourd’hui alors que ça fait deux ans, mais ça reste la difficulté première. On a d’autres difficultés aussi parfois l’intolérance des gens, mais la première difficulté, oui, c’est la mobilisation des gens.

Avez-vous des méthodes concrètes pour aborder la question de la diversité ?

Euh pour la diversité ?

Oui, pour la diversité, pour les questions qui concernent le sujet LGBTQIA+, quelles sont les méthodes que vous appliquez ?

On a des méthodes toutes simples, toutes bêtes. Par exemple, quand on se réunit pour la première fois tous et toutes, on met des étiquettes avec le prénom et le pronom pour éviter de se tromper, de mégenrer, mais aussi pour éviter de poser la question à chaque personne, donc ça c’est pratique. Mais pas que, nous ne sommes pas monothématiques donc on aborde d’autres thèmes comme le racisme, le sexisme… Parce que je considère, et on considère que tous ses enjeux-là sont aussi internes à la communauté LGBTQIA+. Ce n’est pas parce qu’on est sensibilisé à ces enjeux-là qu’on ne peut pas aussi être raciste, sexiste etc. Donc, on en parle nous-même et on mène des travaux dessus, car ça arrive aussi dans notre communauté. Et comme nous ne sommes pas parfait-e-s, on doit savoir y répondre.

Est-ce que tu as déjà entendu des témoignages des personnes membre d’une association LGBTQIA+ qui font fasse à des discriminations à cause de leur appartenance à une association LGBTQIA+ ?

Ce cas-là précis, non. Cependant, le fait de mettre et d’afficher que nous sommes dans une association LGBTQIA + est une question que l’on se pose tous, donc, on s’en est saisis avec Assas LGBT+. Par exemple, quand on postule à un emploi ou à un stage, le fait de mettre sur son CV (curriculum vitae) qu’on est membre d’une association LGBT+ c’est une grosse question. De même sur le profil, linkedin. D’ailleurs, on ne le fait pas tous et moi-même je l’ai récemment retiré de mon CV parce que je postulais à des emplois l’été et j’ai eu beaucoup de refus, notamment sur un job que je faisais l’année dernière et que j’avais pu faire sans difficultés. Or cette année, j’ai eu beaucoup de refus ce qui m’a semblé bizarre ; alors, je ne dis pas forcément que c’est à cause de ça, il peut y avoir d’autres raisons. Néanmoins, je l’ai retiré exceptionnellement pour pouvoir postuler et on est beaucoup à le retirer quand on voit qu’on galère à avoir un job. On peut être parano des fois, ce n’est pas forcément pour ça mais c’est une cause de discrimination. Il y a beaucoup de refus qui se font pour ça parce que lorsqu’on voit l’engagement dans une association LGBT+, on se dit qu’on est forcément LGBT+, et c’est le premier cliché qui conduit les employeurs à ne pas nous embaucher, ils ne veulent pas de nous. Et c’est dommage parce que quand on est dans une association, peu importe l’association, on acquiert des compétences, on gère des réseaux sociaux, on a souvent du contact humain, on gère des projets… On a des compétences qui pourraient être mises à disposition d’entreprises, on peut être vachement utile. Et je crois que c’est d’ailleurs pour cela qu’Animafac a fait un livret de compétences pour montrer ce qu’on sait faire grâce aux asso etc et ce sont des choses très utiles pour les entreprises, donc je trouve cela déjà dommage.

Il y a beaucoup de gens que je connais qui ne mettent pas sur leurs CV qu’ils sont dans une association LBGT+ parce qu’ils ont peur de ne pas avoir le job ou le stage ou autres. Cela est très courant, on cache que l’on est membre d’une asso LGBT comme des fois, on cache que l’on est LGBT aussi.

Hormis dans le monde professionnel, avez-vous rencontré des difficultés dans les établissements supérieures, ou même au lycée, au collège ?

Oui ! Pour prendre l’exemple que je connais le mieux d’Assas LGBT+, ça a été créé en 2018 et au début, ils ont eu du mal à le créer, à mener certains projets et pas uniquement au niveau de l’administration ? Ça peut-être au niveau de l’administration, ça peut être les autres étudiantes et les étudiants qui peuvent passer devant un stand et faire des remarques ou se moquer, j’ai déjà vu ça.

Déjà, montrer qu’on est là et ouvrir un stand dans une fac, c’est un acte politique parce qu’exister, se montrer, c’est un acte politique, car on s’ouvre à un monde hostile [rire], il faut quand même le dire. Par exemple, on a voulu faire un atelier de sensibilisation pour les chargées de TD pour sensibiliser aux questions trans, etc. Notamment parce que ça revient souvent en droit, par exemple. C’est une notion qui revient, la transidentité, le mariage pour tous ; on en parle forcément parce que ce sont des sujets juridiques et, des fois, il n’y a pas une volonté politique de changer les choses.

Avez-vous des dispositifs à proposer aux associations ou aux établissements ? À l’instar d’un glossaire des mots ou d’écriture inclusive ?

C’est ce qu’on a voulu et prévu de faire. On voulait faire un atelier de sensibilisation qui j’espère pourra se faire : on a formé un groupe dessus à Assas LBGT+ pour sensibiliser sur tout. Sensibiliser sur l’écriture inclusive, les questions de trans, les pronoms, etc. C’est vu directement avec les professeurs parce que ce sont eux qui sont directement au contact avec les élèves.

Et sinon, sur les autres enjeux, on se sert des réseaux sociaux pour ça. Par exemple, quand il y a la journée de mémoire trans, on va faire un post dessus, on explique ce que c’est, de même pour la journée de la visibilité lesbienne, le 26 avril. On communique le CAÉLIF pour sensibiliser parce qu’en voyant un post sur Instagram, dans les transports ou autres, on est sensibilisé. C’est tout bête, mais en quelques secondes on peut sensibiliser un minimum.

Et quant aux établissements, on avait fait “les propositions pour un enseignement supérieur inclusif” et dedans, il y a des choses que les chefs d’établissement d’enseignement supérieur peuvent se saisir. Par exemple, ils peuvent se saisir des journées comme le 17 mai, le mois de juin et faire des événements et sensibiliser. Mais les chefs d’établissements peuvent très bien soutenir et faire des événements, des conférences et toutes sortes de choses qui peuvent sensibiliser la communauté éducative et les étudiants.

Comment voyez-vous les réactions ?

Des établissements ?

De tout. Lorsque vous faites des publications sur les réseaux, quelles sont les réactions du public et des établissements par rapport aux activités de l’association ?

Sur les réseaux sociaux, on n’a pas forcément beaucoup de réactions négatives en vrai. Il y en a quelques-unes, parfois des commentaires négatifs, mais c’est assez rare.

Les réactions plutôt positives ça marche aussi ! [rire]

Oui, ce sont des réactions plutôt positives en réalité. Je pense que la majorité des étudiants soutiennent ce que l’on fait, même de loin. Iels sont globalement d’accord avec la vision du monde que l’on porte qui est une vision sans discriminations, ce qui est un peu utopique, mais c’est ce qu’on porte.

La majorité des étudiant·e·s est bienveillante et a envie d’un monde sans discriminations, d’un monde plus juste. Donc moi, je fais complètement confiance à cette jeunesse qui a envie d’un monde meilleur, plus tranquille avec moins de discrimination, moins de sexisme, moins de racisme, moins de LGBTphobie, on en a un peu marre.

Et qu’en est-il des députés, et des établissements aussi ?

Pour les personnalités politiques, c’est assez différent. Il y a encore beaucoup de LGBTphobie, il y a beaucoup de LGBTphobes qui sont élus, beaucoup d’anciens de la manif pour tous qui sont élus et qui ont des responsabilités, c’est dommage.

On peut changer d’avis, qu’ils le disent [rire] ça serait bien, on est là pour ça. Tout ce que l’on fait, c’est pour que les gens changent d’avis en réalité donc s’iels peuvent changer d’avis et le dire, c’est bien. Sinon, s’iels n’ont pas changé d’avis, c’est dommage.

Et les établissements, je ne pense pas qu’ils aient tous une mauvaise volonté. Des fois, il y a des administrations un peu plus réticentes que d’autres, mais globalement, ce n’est pas des freins. On peut les voir comme des personnes avec qui on peut travailler, car on a aussi besoin d’eux.

As-tu une dernière chose à rajouter ?

Engagez-vous ! [rire] Engagez-vous vraiment.

Dans quel sens ?

Rejoignez une association, prenez position, prenez parti, dites ce que vous pensez, faites vous entendre ! Vous êtes là pour une raison, peu importe la cause !

Merci beaucoup Rayan Saïbi, président du collectif des associations étudiants LGBT+ d’Ile de France d’avoir participé à notre podcast “Les discriminations, on en parle?” d’Animafac. Merci à nos auditeurs et nos auditrices d’avoir écouté notre épisode jusqu’au bout et d’être sensibilisé.es sur la question d’inclusion. On se retrouve la prochaine fois.

Épisode 4 : la BAFFE

Peux-tu commencer par te présenter ?

Je suis Ciel, membre du bureau de l’association la BAFFE, donc Brigade des Actions féministes en faveur de l’Égalité.

Peux-tu nous parler de ton asso ?

On est une association féministe qui se veut intersectionnelle autant que possible. Elle se base sur les discriminations sexistes, mais aussi les agressions sexistes et sexuelles au quotidien. On est basé à l’université Sorbonne dans la fac de lettre, peut-être fac de science à partir de cette année, mais à la base, on vient de la face de lettres depuis 2016.

Pourquoi as-tu choisi de t’engager à la BAFFE ?

En 2016, lors du contexte de la loi El Khomri, j’étais tout juste en seconde, je découvre le parcours militant, les blocus, les manifestations et ça me branche énormément. Ça me prend aux tripes, je sens que c’est mon milieu. Sauf qu’après, pour différentes raisons que ce soit scolaire ou au niveau de la santé, pendant quelques années j’ai vraiment dû limiter tout ça. Et du coup, en entrant à l’université, en plus en ayant cette image de l’université où c’est la jungle, tu ne connais pas les gens de ta propre promo, c’est pas évident. Je me suis dit que  j’allais lier les deux et retourner au milieu militant et en même temps je fais ça à l’université pour rencontrer des gens qui me ressemblent dans mon cadre scolaire. Et du coup la BAFFE, c’est une asso féministe,j’étais branché·e féministe depuis des années donc dès que je suis entrée à la Sorbonne, j’ai cherché pour rejoindre une association féministe et je suis tombée sur la BAFFE qui semblait tout à fait me correspondre.

Quels sont les objectifs des activités de la BAFFE ?

Notre objectif est d’accompagner les victimes d’agressions sexistes et sexuelles, même si le pôle qui les prend en charge n’est plus tout à fait d’actualité, parce qu’on est censé avoir des personnes formées sur le sujet. Mais on va quand même accueillir les victimes si besoin. Le pôle peut permettre d’écouter les victimes et de les envoyer vers des personnes plus compétentes, que ce soit pour l’aspect psychologique ou juridique selon la volonté des victimes uniquement. Parce qu’on est dans le cadre de l’accompagnement, et pas de les pousser à faire des choix. On prend que les victimes qui sont à l’université Sorbonne Université, mais les agressions qu’iels subissent ne sont pas forcément dans le cadre de l’université, elles peuvent en avoir subi à l’extérieur et on les prend en compte aussi.

Donc y a ça d’un côté et de l’autre on a essentiellement le mois féministe, même si c’est par petites barrettes tout au long de l’année. Du coup on a beaucoup d’événements, enfin autant que possible, liés au 8 mars lors de la journée des droits de femmes, comme des tables rondes, des conférences, des expositions, des projections avec des discussions suivies. Mais on a aussi d’autres idées à venir, d’ordre sportives pour pas rentrer dans les détails mais teaser un peu.

Peux-tu nous expliquer plus précisément les enjeux actuels sur lesquels l’asso travaille ?

On a comme beaucoup le problème du Covid, enfin c’est surtout se réveiller après le Covid, que l’association reste en vie après ça, et en soi on a on a réussi à recruter des membres très motivés, mais que le bureau n’a pas encore réussi à former sur tous les aspects. Du coup y a encore un peu de lenteur pour remettre la machine en marche. Mais on a tous les outils pour le faire.

Et quels sont les constats de l’association sur la situation actuelle de violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein d’université, plus précisément ici au sein d’université Sorbonne ? Quelles sont les constats et difficultés du moment ?

La plus grosse difficulté qu’on a pu rencontrer, c’est le côté très institutionnel, et plus spécifiquement le fait que l’agresseur est très souvent protégé. Par exemple, on a eu un cas remonté d’un professeur – agresseur au sein de l’université. On avait plusieurs victimes qui ont témoigné, son université précédente lui avait bien conseillé de partir parce qu’il y avait déjà des témoignages dans ce genre-là. Sachant qu’on peut choisir nos TD [Traveaux Dirigés], le sien était vraiment déserté. Donc, on a quand même des réactions concrètes à cette personnalité, mais c’est difficile de virer un professeur parce qu’il est bien protégé. D’ailleurs, le fait qu’il soit venu à Sorbonne Université alors qu’il est déjà accusé pour ce type de comportements, ça montre qu’il est protégé. Je sais pas ce qu’il en est aujourd’hui mais c’est compliqué.

L’association a-t-elle remarqué des changements au niveau juridique dans la loi et disciplinaire au sein des établissements autour de ce sujet depuis les années où la BAFFE existe ?

Au niveau de la loi française, y a eu plusieurs trucs, alors déjà en 2017, vu qu’on est intersectionnelle, donc le sexisme ça ne touche pas que les femmes cisgenres (les femmes qui sont en accords avec leur genre assigné à la naissance). Donc en 2017 on peut noter que dans la loi française qu’il n’est plus obligatoire d’avoir d’opérations ou de prises d’hormones, donc d’opérations médicales pour accéder aux changements de sexes en terme administratif, donc sur les papiers. Ce qui est une grosse avancée, parce que c’était une loi qui oblige presque à des mutilations pour être autorisée, même si pour certain·e·s c’est tout à fait volontaire, en tout cas vu comme volontaire de la part des personnes. La loi incitait au changement de sexe physique pour pouvoir le faire administrativement.

En 2020, la contraception est devenue gratuite pour les moins de 15 ans. En 2021, elle est remboursée jusqu’à 25 ans alors qu’avant, elle n’était remboursée jusqu’à 18 ans. Avec le Covid, on avait des difficultés avec l’accès à l’IVG. Le temps d’accès à l’IVG avait été rallongé, on n’avait plus 12 semaines pour aller se faire avorter, mais jusqu’à 14 semaines. Et y a aussi la loi qui permet aux femmes célibataires cisgenres, et aux couples lesbiens cisgenres d’avoir accès à la PMA comme les couples hétéro cisgenre. Je précise “cisgenres” parce que les personnes transgenres n’y ont toujours pas accès. Donc c’est un combat ou y a eu des victoires, mais tout n’est pas encore gagné. On a encore du chemin à faire. Sinon, en milieu universitaire, à la Sorbonne, mais aussi à l’extérieur, on a des distributeurs de protection menstruelle en accès libre et avec des protections en coton bio, que ce soit des tampons (protections internes) ou des serviettes menstruelles (donc protections externes) au choix du coup. En essayant au maximum de les mettre dans des lieux non-genrés, mais c’est pas facile du coup. Pour ne pas forcer des personnes trans à s’outer en allant prendre des protections alors que leur passing [apparence physique] n’est pas féminin. C’est un dossier qui a été demandé et que la BAFFE à redonner à plusieurs associations lycéennes et dans le milieu universitaire en France.

Quels sont les axes d’interventions de l’association pour atteindre ses objectifs ? Est-ce que vous avez une partie sur la formation, sur la pédagogie, ou peut être aussi du plaidoyer pour les administrations peut être ?

Alors on essaie d’intervenir auprès de l’administration effectivement. Soit en accompagnant des personnes qui veulent s’adresser à l’administration, soit pour changer des choses comme avec les distributeurs, mais c’est dû à un concours que la BAFFE avait gagné. Des fois on est confronté à ça parce qu’on se retrouve contre l’administration, qui se retrouve à avoir des membres questionnables dans leurs manières d’agir, dans son sein.

Sinon ça va être beaucoup du pair à pair, dans le sens on va beaucoup discuter avec d’autres personnes qui subissent le sexisme. Puisqu’en réalité les personnes s’intéressent, sont souvent celles qui subissent le plus. Donc on a un public déjà un minimum conscient des problèmes et qui vient échanger avec nous même si on ne fonctionne pas uniquement par le pair à pair. Donc, on a en mars 2020, tout juste avant le confinement, on a eu une projection “Nos mères, nos daronnes”, un documentaire qui se concentre sur une population féminine, très intéressant, que je conseille, et on a pu avoir deux réalisatrices dans la projection qui permettait d’avoir une discussion sur certaines ascendances, même si on trouvait qu’il y avait une certaine égalité, c’était plus une ascendance : “j’ai fait le documentaire, donc je peux vous dire dans quel contexte et pourquoi on l’a fait” c’était pas du tout une ascendance hautaine.

Et au niveau des personnes que vous accompagnez, as-tu remarqué une évolution après les interventions, les formations, les débats et tout ce que l’asso a fait ou il existe toujours des nouveaux besoins et plus de personnes à accompagner ?

Assez similaire au fur et à mesure du temps. On a toujours des personnes précaires à accompagner, qu’on aide autant que possible, surtout avec le Covid qui est passé par là. Y a eu une certaine précarisation du corps étudiant et une certaine absence de la BAFFE comme de beaucoup d’association, surtout quand on était en distanciel, c’est-à-dire quand même pendant 1 an et demi, ce qui est beaucoup en termes de vie étudiante, c’est la moitié d’une licence si on n’a pas de redoublement. Donc, je dirais qu’il y a des besoins qui viennent du corps étudiant et des besoins venant de l’association, donc de se réveiller.

Alors, parlons-nous de l’inclusion au sein d’une association. En tant qu’une association pour l’inclusion, avez-vous des dispositifs à mettre en place dans votre fonctionnement pour assurer un milieu associatif inclusif ? 

En plusieurs étapes, déjà on se veut au maximum intersectionnel et l’inclusif, donc c’est pas parce qu’il y aurait une discrimination autre que du sexisme qu’on va passer outre, bien au contraire, clairement c’est pas notre idée et on essaie effectivement de parler de tous types d’inclusion. Je ne pense pas que l’association soit parfaite à ce niveau là je pense qu’on a pas mal de travail à faire encore sur nous même, pas forcément moralement de façon individuel, mais sur les mesures qu’on peut mettre en place au sein de l’association pour montrer vraiment que c’est ce qu’on dégage. On essaie de réagir aux polémiques quand y a des discriminations, notamment, quand elles sont à l’intersection avec le féminisme, on essaye d’inciter des personnes à parler de nous aux victimes, même si on comprend tout à fait que les victimes ne veuillent pas se tourner vers nous, qu’elles sachent qu’on existe et qu’elles peuvent être soutenues par nous si elles veulent y a pas de problème, après c’est à elle de faire le choix de venir ou pas.

[musique]

Est-ce que vous avez des actions concrètes ? Vous travaillez avec un public large et sensible, est-ce que vous avez mis en place une charte de travail ou quoi pour travailler avec ce public ? Que ça concerne votre public ou vos membres ?

Je n’ai plus du tout la charte en tête, mais je pense qu’on a des notions d’inclusion dedans, mais du coup je ne peux pas forcément développer plus que ça mais On a des choses qu’on a aussi mis en place officieusement pour aider à faire face aux discriminations sexistes.

Comment l’association aborde cette question de la lutte contre les discriminations, que ça soit sur le sexisme ou d’un point de vu plus large, avec ses membres et ses bénévoles pour sensibiliser à l’inclusion ?

Pour aller dans les discussions internes, par exemple en ce moment on a un groupe whatsapp et si y a une polémique qui peu concerner la BAFFE, on va en discuter entre nous avant de réagir d’une manière ou d’une autre.

Est-ce que vous avez quelque chose de l’ordre d’une réunion de l’association par exemple ou d’une discussion ouverte ? Ou est-ce que c’est plus des échanges ? 

Au moment de l’AG [Assemblée générale] de rentrée on met vraiment les choses en place en terme d’inclusivité et les discriminations. Ça nous tient vraiment à cœur. On présente l’association et c’est impossible de passer outre ce fait-là, c’est vraiment dans notre ligne politique à nous : ce vouloir intersectionnel autant que possible. Donc vraiment quand on vient vers nous on en discute, quand on vient vers nous au forum des associations, à la réunion de rentrée quand les nouvelles personnes viennent, on explique également, on remet bien en place notre ligne politique et si jamais il y avait des personnes transphobes dans cette assemblée on dit “c’est pas ta place ! Tu peux aller faire ton association de ton côté, on la décrédibilisera, parce qu’être transphobe c’est pas dans nos valeurs du tout ! “ On l’explique très clairement à l’AG de rentrée et du coup les personnes qui restent sont à priori en accord avec ces valeurs. Et on réagi en interne, sur des canaux d’échange, sur les événements en lien avec les discriminations.

Et d’après tes expériences, est-ce que c’est une tâche facile, est-ce que tout le monde prend conscience qu’il faut respecter l’inclusion, respecter les autres et qu’il faut pas du tout discriminer les autres ? Est-ce que tout le monde a cette conscience là  ? Ou est-ce que ça arrive que vous ayez des bénévoles, des gens de l’asso ou autres qui causent des cas de discrimination ?

On incite à l’éveil au “wokisme” Oserais-je dire le terme (rire) mais on a conscience qu’on est dans une société telle qu’elle est, qu’on a grandie dedans et on es tou·te·s touché·e·s par ça, même que ce soit du sexisme intériorisé, par chaque membre et du coup il peut y avoir, je pense que c’est plus de l’ordre de gaffes que de réels problèmes, d’aspect sur lesquels les personnes essayent de travailler sur ces sujets. Que des problèmes de discrimination, je pense, même si les éléments intériorisés, comme le sexisme, sont aussi des éléments à combattre.

Quelles sont les activités ou les outils que vous avez organisé·e·s afin d’aider les personnes qui se sentent marginalisées au sein de l’association ? 

On avait mais seulement on l’a plus, parce que le pôle d’accueil des victimes de violences sexistes et sexuelles étaient aussi formée pour ce genre de cas en faisant évidemment en sorte que la personne qui écoute ne soit pas déjà engagé dans le problème avant d’en discuter avec la victime. Après on es très horizontal donc on va beaucoup en discuter, ça va peut-être inciter plus facilement les gens à venir vers les membres du bureau, parce que même si c’est très horizontal on a quand même plus connaissance des choses, du reste de l’association en général, parce qu’il peut aussi y avoir des membres qui ne font pas partie du bureau.

Et est-ce que vous avez fait un genre d’État des lieux, sur l’état à l’université en général de vos thématiques et au sein de l’association ?

Même si j’ai fait à un moment, mais c’était vraiment dans le cadre universitaire, dans le cadre d’un enseignement, d’un TD, j’ai pris la BAFFE comme support et j’ai pu réaliser des collecte de données donc c’était plus sur quels champs d’action la BAFFE peut mettre en place.

Ce qui revenait le plus c’était des idées de groupes de paroles, des moments d’échange, voilà c’était pas un état des lieux. Voilà donc aujourd’hui la discrimination dans l’association, y a encore ça à régler entre nous. Au sein de l’université si on a pas encore pointé du doigt quelque chose qu’on considère comme problématique, si une personne le remarque, elle va le dire et on va en discuter et y mettre l’énergie qu’on peut pour ça. Parce qu’étant une association sur un sujet assez délicat. Une association étudiante, on a pas tout le temps et toute l’énergie à fournir à ca et c’est normal, on aimerait avoir toute l’énergie possible, mais des fois on est obligé de mettre des choses de côté.

Tu as dit que l’asso donne un accompagnement aux victimes au sein des universités, est-ce que vous avez une méthodologie d’accompagnement des victimes ? 

Pas vraiment, on fait plus avec nos moyens et je pense qu’actuellement on renvois plus vers des personnes spécialisées sur ses besoins, quoiqu’à la limite si la personne veut de la visibilité sur ce qu’elle a subit, alors on peut porter ça, mais si c’est un accompagnement psychologique, ne serait-ce que pour discuter, ou autre, on va renvoyer la victimes vers d’autres instances plus compétentes, comme la maison des femmes, mais avant le covid on avait des personnes formées, qui avaient vraiment suivie une formation à l’écoute, parce qu’être victime c’est évidemment pas du tout facile, mais écouter c’est pas non plus facile à faire.

Et quelles sont tes opinions sur les associations en général et aussi ton association, sur la lutte en faveur de l’égalité 

Ma position personnelle c’est que l’Etat devrait prendre en charge beaucoup plus de choses, mais que …

De quel côté ? le côté professionnel, financier …

Sur tous les points en fait, il devrait vraiment y avoir des mesures qui permettent que les gens soient moins précaires, qu’il y ai moins de sexisme, que les discriminations soient vraiment prises en compte. En 2020, je me souviens plus du chiffre exact, mais on est à moins de 1% de violeurs condamnés, c’est surtout donc le rôle de l’état de bien former ces juristes, ces avocats etc. LEtat devrait sensibiliser davantage, devrait davantage mettre les moyens financiers dans les problèmes de discriminations, et il se trouve que l’Etat ne le fait pas. C’est pas nouveau. Des gens ont monté des associations pour répondre à ces problèmes, comme l’association assez connue, les resto du coeur, c’est une association assez connue qui permet de lutter contre la faim en France, mais ça reste encore une fois limité et je dirais que les associations étudiantes, la BAFFE y compris, a ce même rôle mais à une plus basse échelle. A l’échelle des étudiants, à l’échelle d’une université selon les associations, pour prendre le rôle d’accompagner les personnes qui vivent des discriminations qu’elles quelles soient. Je pense que la plupart du temps même si pas toujours, il y a des associations pour y remédier même si c’est pas parfait, mais on a pas les moyens de l’Etat.

Et du coup les besoins des associations sont plutôt des moyens de financement ? 

Je pense que c’est le financement peut être aussi la formation selon les association, peut être aussi que les associations elles même soient formées. Les associations ne sont pas formées sur tous les sujets et c’est ok d’avoir des failles dans cette société pleines de failles, ce qui est important c’est d’essayer d’y remédier quand on nous fait prendre conscience de ces failles. ce qui y aussi, c’est que dans les associations en général, à part quand les retraité·e·s s’y mettent, tout notre temps n’est pas pour ces associations, notre vie nous prend de l’énergie, de l’énergie mentale et psychologique, par exemple le covid, le distanciel, à la BAFFE, sans trop entrer dans les détails, on est beaucoup à avoir du mal à gérer l’anxiété, ce qui n’aide pas à continuer à gérer l’associatif, et ça aurait pu être évité, si encore une fois l’Etat avait correctement géré la situation étudiante.

En tant qu’association appartenant l’Université de la Sorbone, penses-tu que la Sorbone a un rôle à jouer pour faire plus pour aider les associations en terme humain et financiers ? 

En collectif qui l’association, l’université n’écoute pas assez le corps étudiant, sinon beaucoup de choses qu’on aurait réclamées auraient été mises en place depuis des années, comme par exemple, j’ai déjà cherché et sur le site de l’université, on ne sait pas comment on peut faire pour faire un changement de prénom, alors que ça devrait être plus accessible, ça devrait être une ressource qu’on peut trouver si  on la cherche. Et ça c’est une information que l’université ne rend pas accessible et c’est sans compter qu’on devrait pouvoir choisir dans quel cadre notre prénom peut être utilisé et dans quel cadre notre deadname est utilisé. Je pense notamment aux personnes habitant avec leurs parents et qui ne sont pas out auprès de leurs parents. Mais quand on fait le changement à l’université, on le fait sur tout, y compris sur le courrier qu’on reçoit à la maison et que les parents peuvent voir. Y a un manque de considération de l’université pour les étudiant·e·s et aussi du corps professoral

As-tu quelque chose à ajouter pour nos auditeurices ?

Si tu n’es pas concerné·e, tu es quand même concerné·e, si tu ne subis pas c’est a priori que tu as un privilège que tu peux remettre en question.

Merci beaucoup Ciel , de la Brigade des Actions féministes en faveur de l’Egalité, une association étudiante de Sorbonne Université,  d’avoir participé à notre podcast “Les discriminations, on en parle ?” d’Animafac. Merci à nos auditeurs et nos auditrices d’avoir écouté notre épisode jusqu’au bout et d’être sensibilisé.es sur la question d’inclusion. On se retrouve la prochaine fois.

Épisode 5 : le CLASCHES


 

“Les discriminations, on en parle ?”, une série de podcasts d’Animafac sur la sensibilisation autour de la lutte contre les discriminations et la mise en place des bonnes pratiques au sein de l’association.

Ceci est un projet proposé par Animafac financé par la région Île-de-France et la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT. Écoutez nos nombreux acteurs et actrices engagé-es.

Bonjour, Merci d’avoir répondu à notre invitation au podcast Les discriminations, on en parle? Pouvez-vous commencer par vous présenter ? 

Pauline : Bonjour. On est deux militantes pour présenter le CLASCHES – Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur. Et pour vous présenter un peu dans quel angle on parle, on est deux militantes dans ce collectif depuis quelques années. Collectif qui est complétement horizontale, donc on n’a pas de fonctions particulières au sein de ce collectif.

Camille : Si on peut un peu plus vous parler du CLASCHES maintenant, c’est une association qui existe depuis 20 ans et qui enfaite, au moment de sa création, était dans le constat qui avait été fait que le harcèlement sexuel en premier lieu, était très peu traité dans le cadre d’universités, et que les victimes qui subissaient le harcèlement sexuel étaient dans l’incapacité de voir cesser les violences et voir même que leurs agresseurs ne soient pas sanctionnés pour ces faits de violence, réalité toujours actuelle aujourd’hui.

Pauline : Pour revenir sur les origines du collectif enfaite, c’est un collectif qui a été créé il y a 20 an maintenant, qui avait été créé suite à un harcèlement sexuel subie d’une doctorante en Science social, par son directeur de thèse à l’époque. A ce moment là, un collectif a été créé en soutien à cette doctorante en sciences sociales et un an plus tard, ce collectif s’est constitué en association. Bien sûr,  les membres du collectif ont été complétement renouvelé, donc il n’y a plus à ce jour au CLASCHES des personnes qui étaient membres du collectif originel militent au sein de l’association depuis longtemps, voire 7-8 ans pour les plus anciennes au CLASCHES. Il y a donc une transmission importante de connaissance, de l’héritage entre les ancien·ne·s et les nouveaux·lle·s militant·e·s au sein du bureau.

Et du coup, pourquoi, vous personnellement avez-vous choisi,  de vous engager à CLASCHES ?

Pauline : On peut parler de nous personnellement, mais je penses que pour le constat qu’on peut faire chacune et la plupart des membres du collectif : c’est souvent quand on a été confrontées dans nos études et nos carrières à des situation de violences sexistes ou sexuelles et qu’on a souhaité s’investir dans la lutte contre ce phénomène. Ça me permet de préciser que tous les membres du CLASCHES sont membres dans l’enseignement supérieur et de la recherche à différents niveaux, que ce soient les étudiant·es, plutôt à partir du master voire doctorat, et également des personnes qui y font carrières dans l’enseignement supérieur et la recherche, à différents échelons, par exemple des post-doctorats, des maîtres de conférences, des chargés de recherches au CNRS, etc.  On accueille toute la palette de statuts au sein du CLASCHES et on est également une association qui est mixte, il faut préciser qu’on es majoritairement composée des femmes mais qui reste mixte.

Camille : Et au sujet qu’on évolue tous et toutes dans le cadre de l’enseignement supérieur et de la recherche c’est vraiment ce qui fait une de nos spécificités. Comme on connaît très bien le milieu dans lequel on évolue, comment il fonctionne, on essaie de prendre en charge particulièrement la question de violences sexistes et sexuelles (VSS) et sa lutte, avoir des connaissances précises de comment ça fonctionne sont des informations vraiment précieuses quand on en vient à agir dans le cadre du collectif.

Que faisiez-vous dans l’association en tant que militant·e·s, est ce que vous faites des stands, est-ce que vous faites des campagnes  ? c’est quoi les activités de votre association ?

Pauline : Juste pour commencer,  comme je le disais tout à l’heure, on est une association qui est horizontale, ce qui fait qu’on travail en tant que collectif. Chaque personne qui milite au CLASCHES peut s’investir de la manière dont elle le souhaite et y mettre autant de temps et d’énergie qu’elle le souhaite. On s’occupe de différents aspects dans lesquels on peut s’investir. Chaque personne peut avoir des préférences ou des choses qu’elle ne souhaite pas faire.

Camille : Donc en fait on peut être amené  à faire des tas de choses différentes, par exemple répondre à l’invitation de podcast comme aujourd’hui, mais il nous est arriver de monter une campagne de communication avec des affiches qu’on peut trouver sur notre site, qui reprennent un certain nombre de clichés autour des VSS. C’est une campagne de communication en fait.  On est sollicité aussi pour obtenir ces affiches par différents type d’acteurs et d’actrices de l’ESR et on continue à diffuser par ce biais là. D’ailleurs, ce qu’on fait aussi beaucoup c’est des formations, on reviendra dessus, on est sollicité là aussi par des acteurs et actrices, dans le cadre de laboratoire de recherches, des départements d’étude, des syndicats étudiant comme de personnel de l’ESR, qui nous demandent d’intervenir, de les former sur les VSS. Donc ça, ça nous arrive beaucoup. Et puis l’autre grosse partie de nos actions en tant que militantes est d’orienter les victimes qui peuvent aussi nous contacter directement.

Paline : Oui voilà, il y a différents aspects, parce que c’est vrai qu’on a pas parlé directement tout à l’heure des différentes activités et objectifs qu’on a, mais c’est important pour nous de lever ce tabou de diffuser l’information sur ce que sont ces VSS pour que chacun·e soit à même de les reconnaitre et  sachent un peu quels sont des leviers possibles pour réagir face à ces violences que l’on soit victime ou témoin ou qu’on soit amené à accompagner une personne.  D’où le fait qu’on propose différentes ressources via notre site internet comme les affiches, un guide qu’on a édité en français et récemment traduit en anglais pour permettre à toutes les personnes qui subissent ces violences, de savoir un peu toutes les manières dont elles pourraient se défendre et se protéger. Et puis on essaie également de faire en sorte que ces violences soient mieux prises en charge par les établissements à travers les formations. Il y a les formations soit généralistes ou un peu plus spécialisées pour les sections disciplinaires ainsi que pour les cellules de veille, mais on pourra revenir tout à l’heure sur les évolutions récentes qui se sont produites.  Et puis on a également un aspect de plaidoyer, c’est à dire d’essayer de proposer des changements, des réformes des procédures disciplinaires, solliciter le ministère, les établissement, pour qu’ils changent un peu la manière dont ils traitent ces questions. Pour revenir sur l’orientation et l’accompagnement des victimes, comme on l’a dit étant des militants et militantes issu·e·s de l’ESR, donc nous ne sommes pas des juristes spécialisées, nous ne sommes pas des avocates, nous ne sommes pas des psychologues. C’est la raison pour laquelle nous ne proposons pas de suivi psychologique ni d’accompagnement juridique pour les procédures pénales. Par contre on est à même de renvoyer vers les bons interlocuteur·rice·s. Et puis proposer un accompagnement sur l’aspect qui est notre spécialité je dirais, qui est les procédures disciplinaires internes aux établissements qui sont souvent très mal connues. A la fois par les victimes mais aussi par leur interlocuteur·ice·s au sein des établissements. Par exemple une victime qui va faire remonter une situation et la signaler   par exemple à son département voir même plus haut au niveau de la présidence de l’établissement peut ne pas recevoir les réponses appropriées. Et nous on est là pour l’accompagner, essayer de débloquer les situations et faire respecter ses droits.

Et les formations que vous proposez, c’est les personnes de l’association qui vont donner des cours ou des formations, ou vous donnez des cours aux enseignants, qui vont ensuite animer les cours et les formation ?

Pauline : Alors, généralement on donne nous-même nos formations, après on essaye de créer des outils pour que les acteurs et actrices de ce domaine se l’approprient, à travers notre guide, à travers différentes ressources justement, soient à même de diffuser l’information, et nous on propose des formations directes à tout type de public. Récemment on essaye de limiter au maximum les formations auprès de publics étudiants généralistes, c’est à dire amphi de rentrée… voilà les formations systématiques qui sont proposées par les établissements lors des rentrées universitaires par exemple et on essaye de valoriser un peu ce qui fait notre spécificité par rapport à d’autres associations et organismes qui proposent des formations. Puisque comme on le disait tout à  l’heure, pour nous ce qu’on connait le mieux c’est l’ESR et on a développé un peu une compétence juridique et très pratique sur comment gérer ce type de situation et qu’est ce qu’on peut préconiser en matière de traitement de ces situations et de prévention. Et donc on essaye de valoriser ça à travers des formations plus spécialisées pour les laboratoires de recherche, des cellules d’écoute et de veille, des sections disciplinaires et des personnes éventuellement référentes qui sont amenées à traiter ces cas au sein des établissements. Après ça nous arrive aussi de faire des formations auprès d’associations étudiantes, de syndicats, mais voilà, quand on est pas, quand on se sent pas compétentes, notamment quand c’est des demandes dans le cadre de la prévention en milieu festif par exemple, si l’on sent qu’on n’est pas les meilleurs interlocuteurs, on va essayer de renvoyer vers d’autres associations et organismes de formation qui se sont développés récemment, qui proposent des formations plus spécialisées sur ça et de meilleure qualité que ce qu’on pourrait faire.

Et si vous êtes à l’aise de la partager avec nous, quels sont vos ressentis de travail, faisant partie de CLASCHES, quels sont vos ressentis pendant le temps de travail d’être militante à CLASCHES ?

Camille : Déjà, les sujets qu’on traite et les questions qu’on abordent ne sont pas du tout faciles ou légers. Enfin voilà être militant au CLASCHES n’est pas anodin et ça suppose aussi une vraie prise en compte des personnes qu’on va accompagner et qu’on va écouter. Donc les ressentis multiples. Comme beaucoup, je pense, d’engagements, on est nourri par ce que l’on voit et notamment sur les questions d’inégalité, de discriminations et de violence,  voilà c’est des choses qui alimentent aussi notre engagement quand on voit que les situations se perpétuent et sont parfois invisibilisées. Voilà ça c’est une première source d’engagement. Ce qui va parfois avec pas mal de colère et de frustrations forcément quand on travaille sur ces sujets.

Pauline : Comme je disais on est amenées à accompagner des victimes, donc vraiment à entendre des témoignages qui peuvent être, voilà être très difficiles, et c’est un vécu très compliqué pour les victimes. Il faut être près à les entendre. C’est pour cela que nous avons certain militants, certaines militantes, qui choisissent de ne pas s’investir dans l’accompagnement de victimes. Parce que c’est trop dur pour elles de faire ça. Voilà Certains, certaines militantes ont était elle, eux même victimes de violences et ça peut être compliqué à gérer. On essaie de toujours travailler en binôme pour se soutenir à chaque situation et puis pour essayer de parler de nos ressentis à nos réunions entre membres du collectif et puis de s’entraider beaucoup. Quand on est dans l’impasse, trouver des relais auprès des autres membres de l’association. Ce qui est je pense largement facilité par ce que Camille présentait tout à l’heure : l’organisation horizontale de l’association, c’est à dire qu’on sait aussi. On se réuni, pas forcément tout le monde en présentiel, mais en fait on arrive à se réunir régulièrement et là on peut aussi partager ensemble, bah voilà des ressentis, justement des émotions, en tout cas le poids qu’ont certains vécus qu’on nous a partagés, pour essayer de trouver ensemble des solutions. Ce qui rend ça moins difficile à porter d’une certaine manière.

Camille : Et pour donner une image un petit peu plus positive. Voilà je voulais dire aussi que nos ressentis ça pouvait être aussi l’espoir en fait ! Parce qu’on voit les choses changer. Y a des cas où on est carrément surprise de la réaction de l’établissement, de la manière dont les victimes peuvent être accompagnées, dont le cas va être pris en charge. La raison pour laquelle on s’investit c’est parce que ça peut changer ! Et on a l’espoir que dans vingt, dix ans, nous même on ne sera plus au CLASHE mais on aura contribué à ce que les choses soient différentes à ce moment là.

Pouvez-vous nous expliquer plus précisément les enjeux actuels sur lesquels vous travaillez ? Quels sont les constats de l’association, les observations et les difficultés en ce moment ?

Camille : Les difficultés et observations du moment (rire), je dirais ces dernière année un changement assez majeur qu’on a pu observer , peut être sous l’effet de Metoo, mais un peu en décalé quand même c’est à dire qu’il y a une plus grande reconnaissance publique de l’existence de ces violences et de la nécessité de développer une réponse institutionnelle. On le ressent très très concrètement. C’est à dire qu’ on a beaucoup plus de victimes qui nous contactent.  Parce qu’elles ont connaissances de modalités de réponses et qu’elles cherchent ce qui peut être fait. Y a une plus grande prise en charge institutionnelle, c’est à dire que ce soit au niveaux des établissement ou même plus haut au niveau du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche on sent que les choses bougent. On est de plus en plus sollicitées pour organiser des formations. Il y a  des cellules d’écoute et de veille dans quasiment tous les établissements, si elles n’existent pas; au moins un dispositif de signalement, des chargé·es de mission égalité qui développent des campagnes de prévention au sein des établissements. Donc on sent que c’est devenu une question qui est sur le devant la scène : on en parle dans la presse régulièrement. L’année dernière c’était beaucoup dans des établissement un peu connus, d’élite entre guillemets, que ce soit  Science Po par exemple ou que ce soit dans certains grands établissements. Cela permet de visibiliser le problème dans l’ensemble de l’ESR. Et donc les conséquences c’est de savoir se positionner face à ça parce qu’on a un afflux de demandes de formations ou de ressources et donc essayer de faire en fonction de nos forces militantes et de ce qui nous semble le plus pertinent pour nous dans notre rôle là dedans. Et comme je disais, on s’est dit qu’un impératif d’un projet qu’on voulait vraiment accomplir, c’était de prendre en compte de la situation des étudiants et étudiantes étrangers étrangères qui ont parfois un accès plus difficile au cadre juridique français. C’est pour ça qu’ on a cette traduction du guide en anglais pour leur permettre d’avoir cette ressource.

Concrètement autours de la loi, comment a-t-elle changé autour de ce sujet pendant les années où CLASCHES existe? Et au niveau de plaidoyer, qu’est-ce que vous avez fait concrètement afin d’améliorer la situation de discriminations, voir des vss au niveau national et régional?

Pauline : Alors la loi elle a changée, comme le disait Camille à l’instant, la prise en compte des VSS au sein d’ établissements supérieurs s’améliore. La reconnaissance de l’existence de ces violences a entraîné véritablement des changements. D’abord il y a une 1ere circulaire qui a existé, qui a été publié en 2015 qui concerne très spécifiquement l’ESR et qui cherche a cadrer le traitement et la lutte contre les VSS dans les établissements. On a aussi vu l’obligation écrite dans la loi de créer des cellules d’écoute. Finalement des cellules d’écoute qui on mis du temps à ce mettre en place dans les différents établissements et comme le disait Camille à l’instant, on voit les choses évoluer sur cela depuis un ou deux ans maintenant . Y a des vrais changement qui apparaissent là pour le constat de l’ESR. De manière plus général, au niveau juridique et au niveau pénal on a vu les VSS mieux définies dans la loi. Donc par exemple le harcèlement sexuel, y a la loi de 2012 qui a véritablement précisée la définition du harcèlement sexuel qui avant ça été difficilement applicable. Donc ça, ça a aussi été une vraie avancée pour pouvoir mieux qualifier  les faits et donc potentiellement  pour les victimes, obtenir réparation. Cette loi elle a a été modifiée par celle de 2018 qui a intégré le contexte de cyberharcèlement qui là aussi est un problème qui devenait de plus en plus important avec le développement des réseaux sociaux. Donc ça aussi ça a été une vraie avancée, et encore une fois plus spécifiquement sur l’ERS, l’année dernière en octobre 2021 a été publié par le ministère un plan de lutte contre les VSS, et qui a bénéficié en tout cas d’un point de communication particulier a plutôt large échelle en tout cas qu’on avait jamais vu jusqu’ici. Voilà  un plan dont les preuves restent encore à faire. Nous militant, on estime que certes y a de l’argent qui a été mis sur ce plan, mais à vrai dire à quoi va-t-il servir mais surtout va-t-il être suffisant ? On parle de 7 millions d’euros sur 5 ans. Et puis avec une question sur la prévention largement mise en avant de ce point de vu, mais aussi avec une vraie question autour de la sanction aux agresseurs qui reste encore à largement à travailler.

Camille : Pour préciser sur ce plan, le gros enjeu actuel, puisque voila l’enjeu de la reconnaissance de ces violences et de leur donner de la visibilité est relativement accompli entre guillemets. On peut faire mieux mais il y a une reconnaissance politique et médiatique, notamment sous l’effet d’importantes mobilisations étudiantes, quelles ce soit local au niveau de chaque établissement mais aussi au niveau national, il y a eu de nouveaux collectifs qui se sont créés comme l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles, qui a d’ailleurs fait un questionnaire national pour permettre de mesurer la prévalence de ces violences dans le milieu étudiant. Maintenant pour nous y a notamment un gros enjeux de formation de tous les acteurs et actrices qui sont chargés de prendre en charge ces situations là dans les établissements. Parce que là le plan qui a été financé ne permet pas ce large plan de formation des acteurs et actrices ainsi que de la prévention. Donc c’est à dire que pour la prévention ça passe par des appels à projets, donc seuls certains établissements, qui ont déjà les moyens de remplir l’appel à projet, et qui présenterons des projets qui plairont, bénéficieront de ce type de financement, ce qui peut être plus difficile pour certain plus petits établissements qui n’ont pas encore l’infrastructure pour mettre en place se type de prévention. Il faudrait un financement beaucoup plus large qui serait accessible à vraiment tous les établissements sur le territoire national et puis des formations obligatoires, pour toutes les personnes amenée à prendre en charges des situations de VSS prioritairement dans les sections disciplinaires, et les cellules de veilles, les référents VSS dans les départements et dans les laboratoires, etc.

[musique]

Et vous au-delà du cadre juridique, avez-vous observé aussi des évolutions sur le terrain auprès des publics que vous accompagnez ? Avez-vous remarqué un changement du comportement après les interventions, une libération de la parole ou il existe toujours des nouveaux besoins et plus de personnes à accompagner?

Camille : Toujours des personnes à accompagner. Et c’est vrai que souvent après une formation on va être contacter par des personnes qui ont pu suivre la formation, ou à qui on a pu parler par ailleurs, donc c’est à ça qu’on voit que c’est quand même utile toujours pour les personnes de se rendre compte de ce que sont ces violences. Parce que souvent les définitions sont peu connues ou alors toujours cette idée que l’ESR serait immunisé face à cette violence. Parce que ce serait des personnes plus éduquées, plus sensibilisées alors que pas du tout ce sont des violences qui traversent toute la société quelques soient les milieux et puis dans nos intervention et nos formations on sent effectivement qu’il y a plus de personnes sensibilisées, qui ont vraiment des connaissances très précises voir un engagement militant sur ce genre de violence, mais comme je le disais, y a toujours ce besoin de formation parce que tout le monde n’est pas du tout au même niveau et que y a quand même, je pense, un écart générationnel assez important et les représentations des personnes de ce qui constitue véritablement une violence peuvent différer grandement. Des choses qui pour les plus agé·e·s était considéré comme acceptable voir banal, sont maintenant plus généralement considéré comme des choses inacceptables et qui ne doivent plus être tolérée. On a toujours des débats, y a toujours des questions sur « mais est ce que ça, vraiment c’est du harcèlement ? », « est-ce que vraiment si je fais ci, si je fais ça… » etc, on en peut pas dire que ces formations soient devenues inutiles, complétement datée etc, bien au contraire.

Pauline : Je dirais même qu’en fait on peut penser qu’il y a eu deux évolutions dans les interventions qu’on peut faire et du coup face au public auquel on s’adresse, c’est que à la fois avant quand les VSS étaient pas encore, enfin quand on ne reconnaissait pas l’existence de ces VSS de manière large dans le monde de l’ESR, les personnes qui nous sollicitaient c’était des personnes qui déjà avait un peu conscience, qui avaient déjà un engagement féministe par ailleurs qui veulent étoffer leurs connaissances. Aujourd’hui on a face à nous des personnes qui sont dans l’obligation de se former, parce qu’elles participent à une cellule de veille, qu’elles participent à une cellule d’écoute, parce qu’elles savent que ça existe et que potentiellement ça peut arriver jusqu’à eux et donc veulent un minium s’y préparer. Mais ce qui veut dire aussi  qu’on a quand même face à nous des gens ont des connaissances sur les VSS sont moins évidentes, moins consolidées que les personnes qu’on pouvait former avant, qui arrivait avec la volonté, un engagement féministe et donc la volonté d’en savoir plus. Dans le cadre de nos formations on a encore des personnes, comme le disait Camille, avec qui il faut encore qu’on discute largement de ce que ça signifie. On présente toujours dans nos formations que nous sommes des militantes féministes, qu’on arrive avec notre analyse des violences comme des violences structurelles qui sont le fait de rapports sociaux, de sexes dans la société. On le présente dès le début pour que ce ne soit une surprise pour personne, mais cela entraine des débats mais en même temps avec aussi des choses qui se disent moins qui vont pour nous confronter directement, qui sont un peu moins présentes car elles sont moins dicibles du fait de la reconnaissance de ces VSS.

Camille : Et au delà de tout ça il y a toujours un débat sur « est ce que c’est vraiment aux établissements de prendre en charge ces types de violences ? Est-ce qu’il ne faudrait pas simplement renvoyer vers la justice ? Est-ce que c’est légitime d’avoir ce type de procédure ? » etc, etc. Comment faire en sorte d’avoir une bonne procédure et faire en sorte d’accompagner au mieux les victimes, de garantir leur accès à l’éducation ?

Rosie : Ce qui me fait penser aussi du nom de CLASCHES, c’est un collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur. Comment définissez-vous un collectif militant, et qui sont ces membres ?

Camille : C’est un collectif qui se donne pour objectifs par différents moyens de faire en sorte que le harcèlement sexuel et les VSS plus généralement n’existent plus dans notre milieu et que tant qu’elles existeront que les victimes soient accompagnées, soutenues, qu’elles puissent poursuivre leurs études, poursuivre leurs carrière, et qu’il existe des sanctions pour les agresseurs et que ces violences soient prises en comptes avec des politiques de prévention mises en place au sein des établissements. On se décrit comme un collectif car cela insiste sur l’horizontalité qui existe dans notre association, et collectif militant parce que rattaché à aucune institution, indépendant des établissements, des syndicats, de toute structure. C’est cette liberté qui nous permet d’adopter différentes méthodes pour faire connaitre nos revendications et accompagner des victimes. Ca peut passer par des communiqués de presse, différentes manières de faire pression sur les établissements qui ne prennent pas en charge correctement ces violences. On se donne différentes modalités de militantismes, plus ou moins radicales, plus ou moins en coopération avec l’institution en fonction de la situation et en fonction des objectifs.

Rosie : Quelle est votre approche et quelles sont vos méthodes pour apporter ces questions aux nouveaux volontaires et bénévoles de l’association ?

Pauline : Quand une personne nous contacte pour intégrer le collectif on a souvent une première rencontre qui nous permet d’expliquer le fonctionnement. Il faut savoir qu’on est une association qui ne possède pas de local, on n’est pas fixé dans un bâtiment, ce qui signifie que l’engagement se fait à distance, toujours, donc c’est pas anodin, surtout vu ce que l’on traite. C’est quelque chose que l’on présente de manière très honnête à nos nouvelles militantes et nouveaux militants. On a aussi une commission de bienvenue qui permet d’avoir un suivi des bénévoles sur une certaines périodes pour suivre tranquillement leur intégration, essayer de répondre à leurs questions dès qu’ils en ont. L’engagement il est là avec des notions juridiques, un apprentissage de données pour donner des formations et suivre des victimes. Tout ça  on essaie au maximum de les accompagner. Camille parlait tout à l’heure du fait qu’on travaille toujours en binôme, c’est aussi un moyen d’intégrer au mieux les nouveaux et nouvelles bénévoles en faisant en sorte de les mettre avec quelqu’un d’un peu plus expérimenté et donc que l’échange se fasse y compris avec un apprentissage en action, directement avec les personnes avec qui on peut être en contact. On a des documents internes qu’on diffuse pour que les personnes saisissent notre historique, notre fonctionnement, ce à quoi on est attachées, le CLASCHES est un collectif qui ne cherche pas la personnalisation, on ne parle jamais publiquement à visage découvert, on est plutôt adeptes de l’anonymat, c’est d’ailleurs pour ça qu’on ne donne jamais nos noms de famille, voire on utilise parfois des pseudonymes. C’est à la fois une façon de ne pas personnaliser le collectif, c’est aussi une manière de nous protéger, parce que étant donné qu’on fait partie du monde de l’ESR, dans lequel on agit, et que ce sont parfois des sujets qui sont compliqués et pas forcément très bien accueillis, il s’agit aussi pour nous de penser à notre évolution et notre possible carrière dans ce milieu. Il est nécessaire pour nous de nous protéger.

 

Rosie : Et quelles sont les cibles des activités de CLASCHES et pourquoi avez-vous choisi de travailler avec cette tranche d’âge ?

 

Camille : Je dirais que les cibles sont tout type d’âges puisque nos actions visent l’ensemble des personnes qui étudient, travaillent ou interviennent dans l’ESR. Ca va de 17, 18 ans quand on arrive dans l’enseignement supérieur jusqu’à éventuellement la  retraite pour les personnes qui travaillent dans ce milieu là. Ca revient à ce qu’on a dit un peu plus tôt, le collectif il a été créé par un collectif de doctorantes et doctorants confrontées à une situation et qui voulaient agir face à cette situation et puis c’est cet héritage là qui a perduré dans le sens où on agit dans le domaine dans lequel on étudie et qu’on connait. C’est ce milieu là qu’on vise.

 

Rosie : Évaluez-vous le rôle des associations dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein des établissements ?

 

Pauline : Ca dépend quel type d’associations, mais si ce sont des associations étudiantes au sein des établissements mais il peut s’agir d’associations autour d’une thématique particulière, d’associations sportives, d’associations de type BDE, syndicats, de tout type de collectifs au sein des établissements. Ce sont des collectifs qui doivent prendre en compte ce type de violences et proposer des dispositifs de formations, de prévention et d’avoir des modalités de traitement de ces situations, d’indiquer à leurs membres si ce type de violences se produit que c’est inacceptable, de montrer que l’association réagira face à ce type de violences, d’avoir une personne référente, ou plusieurs, vers lesquelles on peut se tourner, de clarifier les modalités de traitement, à qui on va s’adresser, qui va recueillir les témoignages, est-ce qu’il y a des modalités de sanction de type suspension d’association, jusqu’à l’exclusion éventuellement de l’association, d’avoir réfléchi à ces choses là en amont. Nous ce qui arrive régulièrement c’est qu’on nous contacte quand une situation survient et que rien n’avait été prévu en amont et c’est la catastrophe et ça crée beaucoup de conflits. C’est important de ce dire que c’est même pas que ça peut arriver, ça va quasiment forcément arriver puisque ce sont des violences qui restent extrêmement courantes du fait des rapports de genres dont on avait parlé tout à l’heure et d’autres rapports de dominations qui existent encore dans toute la société. C’est très important de ne pas les ignorer, et de se dire « très bien, si ça se produit, que ce soit pour des VSS mais également, puisque c’est un podcast sur les discriminations plus généralement, comment est-ce qu’on peut réagir ? Quels sont les mécanismes qu’on peut mettre en place ? Qu’est ce qu’on peut faire pour les prévenir ? ». Est-ce qu’on peut avoir des interventions, des affiches, des formations si possible en présentiel, parce que ça doit être un moment d’interaction où tout le monde peut parler parce que c’est un moment où ça peut faire évoluer les idées de chacun, les représentations de chacun, faire prendre conscience de ces violences et du rôle que chacun peut jouer dans la lutte contre ces violences. Toutes les associations peuvent s’investir là-dedans, et c’est l’addition de tout ça qui pourra faire changer les choses à un niveau plus collectif. Même si on est une association de taille relativement petite c’est important d’avoir ce message et de dire que ce sont des choses qu’on ne met pas sous le tapis et qu’on prend en charge.

 

Rosie : Avez-vous quelque chose à ajouter ?

 

Pauline : N’hésitez pas à consulter notre site internet clasches.fr et à nous contacter si vous avez des questions, si vous voulez mettre en place une formation pour vos membres et puis si vous voulez discuter si vous êtes en train de mettre en place un dispositif, si vous voulez commander des guides, des affiches, des auto-collants, on les envoie gratuitement dans toute la France ! N’hésitez pas à nous contacter et puis bon courage pour tout ça et on vous remercie pour tout ce que vous pourrez mettre en place au seins de vos associations.

 

Rosie : Merci beaucoup aux deux militantes de CLASCHES, une association féministe ouverte à l’ensemble des étudiants, doctorants, enseignants et aux chercheurs des établissements d’enseignement supérieur, d’avoir participé à notre podcast « Les discriminations, on en parle ? ». Merci à nos auditeurs et auditrices d’avoir écouté notre épisode jusqu’au bout et d’être sensibilisé sur les questions.

Pauline et Camille : Merci beaucoup à Animafac de nous avoir accueilli pour cette série de podcasts.

Ces podcasts s’inscrivent dans un projet de 3 ans mené grâce au soutien de la DILCRAH et de la Région Île-de-France, dont vous pouvez retrouver le reste des ressources dans le kit de campagne : S’engager contre les discriminations