Organiser un événement culturel en milieu hospitalier
Vous êtes une association étudiante mais vous souhaitez agir en dehors du campus. Cela est tout à fait possible, et beaucoup d’associations l’ont compris : il ne faut pas hésiter à franchir le pas, déborder les amphis et faire bouger la ville. Vous aimeriez organiser un événement culturel en milieu hospitalier pour les personnes qui ne peuvent plus y accéder à court ou long terme. Voici quelques conseils pour mener à bien une telle initiative.
Quelques rappels
Au préalable, sachez que le milieu hospitalier n’est pas accessible à toute forme culturelle et il faut souvent s’adapter pour offrir un moment de bonheur ou d’apprentissage. Aux dires des associations concernées un tel événement se prépare dans l’idée de se dérouler en hôpitaux de sa conception à la représentation.
Le milieu hospitalier reste très ouvert à ces manifestations dans la mesure de leurs possibilités et accueille volontiers troupes de théâtre, clown, marionnettes, magicien⋅ne⋅s, danseur⋅se⋅s, voire même expositions, ateliers de jeux, de peinture, etc. Toutefois, de par le lieu certaines contraintes logistiques existent.
La conception du projet
LE CONTENU
Ensuite, sur le contenu, vous avez bien entendu le choix d’organiser un atelier participatif ou non. Prenons l’exemple de spectacles pour enfants. Vous pouvez les faire participer à des activités ou à un spectacle. Dans ce cas évitez les activités trop sportives, pour des raisons évidentes, ou les ateliers maquillage, pour des raisons d’hygiène. Faites en sorte de concevoir des activités calmes et faciles et de ne pas favoriser les activités qui pourraient mettre des enfants à l’écart (parce qu’ils ne pourraient pas bouger par exemple).
Il est très important d’éliminer toute discrimination en ce domaine. Plutôt que de faire participer un ou deux enfants, préférez n’en faire participer aucun. Ou tou⋅te⋅s.
LE MOMENT
Dernière chose, rendez-vous disponibles l’après midi et le week-end, car ce seront les tranches horaires qui vous seront demandées. Signalez également si vous acceptez la présence de la famille durant votre manifestation, ce qui pourrait être envisageable dans les salles assez grandes, et agréable pour les personnes malades.
LES CHOSES À ÉVITER
Il est conseillé de ne pas prévoir de bande sonore qui pourrait déranger la tranquillité de l’hôpital, ni de présenter un spectacle bruyant.
Ne prévoyez pas de goûter, pour des enfants par exemple, ceux-ci pouvant être astreint à un régime particulier. L’hôpital s’en chargera au cas où.
Les premiers contacts avec les hôpitaux
Une fois votre projet établi il faut rechercher les hôpitaux qui acceptent et sont capables de recevoir des manifestations culturelles. Certains hôpitaux spécialisés ne peuvent se le permettre et d’autres ne disposent pas de salles prévues à cet effet.
Sachez cependant que les hôpitaux disposent d’un budget alloué à cet effet et que certains sont même, selon la gestion et la volonté des responsables culturel⋅le⋅s, en état de demande. Les spectateur⋅rice⋅s peuvent aller d’enfants, en service pédiatrie, aux personnes âgées, dépassant ainsi le cadre de l’hôpital pour se porter vers les maisons de repos, ou tout simplement mixte, quand les hôpitaux organisent un événement ouvert à tou⋅te⋅s ceux⋅celles qui le veulent.
Renseignez-vous également sur les motivations de votre public, si c’est un public par choix ou un public imposé, à qui l’hôpital organise un spectacle et lui “impose”. De façon plus particulière, vous pourriez être amené⋅e⋅s à vous produire dans les chambres pour les malades alités ou ne pouvant se déplacer.
Chaque hôpital peut vous accueillir dans différentes conditions. Prévoyez donc d’être souples et de bien connaître les possibilités que vous pouvez offrir relatives à votre intervention. Il faudra aussi être souples sur la taille minimale de l’espace dont vous avez besoin et donc que vous demandez. Si vous avez vraiment besoin d’un espace délimité, l’équipement matériel minimum, les ressources humaines minimum, etc. Une fois ces arguments préparés, vous pouvez commencer votre recherche.
Pour lister les hôpitaux vous pouvez contacter les mairies, qui disposent d’un service social et même directement l’assistance sociale, qui vous guidera et pourra éventuellement vous aider dans votre recherche. Vous pouvez même faire appel au Secours Populaire ou à d’autres associations concernées. Établissez la liste des noms et des coordonnées des responsables afin de commencer une autre étape : passer entre les structures en place pour présenter votre projet.
Le démarchage des hôpitaux
Votre projet est un moyen de se divertir ou de s’instruire, ne l’oubliez pas dans cette phase de recherche qui semble ne relever que de l’administratif.
Préparez toute sorte de documents, photos, dossiers, plaquettes, et si vous avez déjà joué ou animé un ou des ateliers en hôpital, citez le nom du⋅de la responsable avec qui vous avez déjà travaillé. N’hésitez pas, d’ailleurs, à demander aux responsables d’hôpitaux dans lesquels vous avez déjà organisé un événement une lettre de soutien à votre action ou un mot de félicitation par écrit, ce qui complétera vos dossiers d’un label de qualité, ou tout au moins, d’une preuve de votre expérience en ce domaine.
Si vous n’avez pas encore d’expériences en hôpital, n’hésitez pas à montrer toute votre motivation, ou votre expérience dans les ateliers que vous proposez même si cela n’a pas été en hôpital.
Enfin, l’idéal est bien entendu de connaître votre projet sur le bout des doigts et savoir répondre aux questions des responsables et des médecins. Sachez ensuite intégrer leurs remarques et leur modifications dans ce que vous comptez présenter.
Le jour J
L’ACCOMPAGNEMENT PAR LE PERSONNEL HOSPITALIER
Le jour de votre intervention vous ne serez jamais seul⋅e⋅s avec votre “public”, que ce soient des enfants, des personnes âgées ou toutes autres personnes.
Pour des enfants vous aurez avec vous, dans le cas d’enfants sensibles surtout, un⋅e éducateur⋅rice psychologue, qui pourra éventuellement orienter votre événement sur un thème ou sur un débat. Sa présence est conseillée également pour répondre aux éventuelles questions que des enfants pourraient vous poser relatives à leur santé ou à la vôtre. L’éducateur⋅rice sera là pour vous aider et si vous avez des doutes, n’hésitez pas à lui demander conseils car il⋅elle connaît votre public.
Un autre encadrement est nécessaire : celui des soins. Un⋅e infirmier⋅ère (ou médecin) sera présent⋅e et s’occupera des malades.
LA PRÉPARATION PSYCHOLOGIQUE
Préparez-vous néanmoins à la possibilité d’affronter une situation psychologique difficile. Si vous êtes là pour divertir n’oubliez pas que vous pouvez être touché⋅e⋅s par les personnes que vous aurez en face de vous. Si vous sentez que la situation vous sera difficile, les personnes qui vous feront face sentiront aussi votre malaise. Si c’est possible, faites vous remplacer plutôt que de vous mettre dans une telle situation ou faites intervenir l’éducateur⋅rice psychologue.
Parce que vous allez évoluer dans un milieu où des difficultés psychologiques pourraient apparaître voici quelques conseils. Avant tout, puisque vous vous déplacez et considérez les personnes hospitalisées au même titre que les autres, restez dans cet état d’esprit. Marquer une différence serait rappeler, et à vous et à eux⋅elles, les “mauvais côtés” de leur situation. Il n’y a donc a priori aucun sujet à éviter durant votre intervention, mais il est essentiel ici de rencontrer l’équipe médicale qui s’occupe des malades pour leur parler de votre intervention. Ceci non dans le but d’aseptiser ce que vous allez présenter, mais dans celui de prévoir les réactions que vous pourriez rencontrer.
Un entretien avec le⋅la psychologue s’occupant des malades serait ici idéal puisqu’il⋅elle connaît les malades au cas par cas et leurs antécédents, même familiaux. Si une réaction du public ou d’un élément du public se fait tout de même sentir, ou voire éclate, ne vous arrêtez pas. L’équipe d’encadrement est précisément présente pour ça. S’arrêter serait marquer la différence, et du groupe et des éléments du groupe réagissant.
LE COMPORTEMENT
On peut également se demander quel comportement avoir avec les malades. Soyez naturel⋅le⋅s, ne forcez pas vos gestes d’affections. Si certaines personnes sont démonstratives, ne vous efforcez pas de l’être à votre tour. Les personnes sensibles remarquent bien quand la nature de gestes ou de paroles est forcée, et mieux vaut sembler sincères que de susciter le doute.
LES INTERACTIONS AVEC LE PUBLIC
De manière générale laissez le public intervenir s’il le désir. Un⋅e enfant, par exemple, qui s’adresse à vous pendant un spectacle, ne doit pas être ignoré⋅e. Si c’est possible intégrez sa remarque dans le spectacle et répondez lui, mais tout au moins faites lui un sourire et surtout ne l’ignorez pas. Si son intervention est gênante, le service d’encadrement se chargera de lui faire comprendre.
Les partenaires
Étant donné que ces actions ne sont pas ouvertes au public on pourrait penser que leur médiatisation et la recherche de partenaires sont inutiles. C’est vrai en partie, mais organiser un événement culturel en milieu hospitalier dépasse la relation vous/hôpital/patient⋅e⋅s : d’une part parce que la médiatisation de cette collaboration entraîne une généralisation de la prise de conscience des conditions culturelles en milieu hospitalier et d’autre part parce que ces événements peuvent être les médiateur⋅rice⋅s de vos sponsors et des hôpitaux, dans le sens d’une ouverture bilatérale de l’un et de l’autre.
Nous vous conseillons donc de lancer une recherche de sponsors, avec, par exemple, une orientation vers les magasins de jouets, les ballons imprimés, les costumes, les décors, les vêtements, etc. Ils pourront vous apporter un soutien en nature qui sera l’heureuse occasion de les gâter à Noël.
Le bilan
Après chaque rencontre nous vous conseillons de faire un bilan des difficultés que vous avez rencontrées, afin de prévoir vos réactions la fois prochaine.
Assez paradoxalement c’est vous qui aurez peut-être le plus besoin d’une préparation psychologique. Évacuez au besoin ce que vous auriez ressenti de votre côté, parlez-en tou⋅te⋅s ensemble et essayez d’en tirer quelque chose de constructif pour vos prochaines manifestations.
Si le⋅la psychologue avec qui vous avez travaillé a le temps, faites ce bilan avec lui⋅elle, sur le modèle d’un groupe de parole, ce qui en ressortira sera constructif et pour lui, qui aura l’occasion de voir ce que vous avez observé, et pour vous, qui aurez la possibilité d’avoir ses conseils.
Voici tous les conseils que nous pouvions vous donnons pour organiser un évènement culturel en milieu hospitalier. À vous bien sûr de vous adapter en fonction de vos besoins, de votre expériences, de vos envies et de votre équipe.