Créer sa Junior Entreprise
200 associations étudiantes à travers la France ont déjà créé leur Junior-Entreprise afin de faire tomber les murs entre vie estudiantine et vie professionnelle. Essentiellement tournées vers des activités de conseil, ces associations à but non lucratif utilisent pleinement les compétences des étudiant⋅e⋅s de leurs filières au profit d’entreprises désireuses d’un regard neuf sur leurs activités. Vous souhaitez vous aussi vous lancer, voici quelques conseils.
Présentation de la junior-entreprise
DÉFINITION DE LA JUNIOR-ENTREPRISE
Une Junior-Entreprise est une association étudiante proposant aux entreprises des services (conseil, audit, études…) mettant en oeuvre le savoir-faire de l’école ou de l’université dans laquelle elle est implantée. L’appellation de Junior-Entreprise est un label accordé par la Confédération nationale des junior-entreprises (CNJE) lorsque le projet répond à certains critères.
Rien ne vous empêche, bien sûr, de créer votre petite entreprise en dehors de ce cadre, mais appartenir à la CNJE pourra vous apporter un certain nombre d’avantages.
LES AVANTAGES DE L’ADHÉSION A LA CNJE
Le premier d’entre eux, et non des moindres, est de pouvoir profiter des expériences accumulées par ce réseau qui vient de fêter ses 40 ans. En plus de conseils et d’un appui personnalisé, la CNJE organise plusieurs fois par an des rencontres entre JE afin qu’elles puissent échanger sur les bons plans et éventuellement les difficultés. De plus, le label Junior-Entreprise, de plus en plus reconnu, peut vous ouvrir les portes des professionnel⋅le⋅s plus facilement.
CE QUE NE PERMET PAS LA JUNIOR-ENTREPRISE
Deux petits avertissements, les JE sont des associations à but non lucratif, vous ne pourrez donc pas faire du profit si vous vous engagez sur cette piste. Association étudiante et, de fait, forcément liée à un établissement, votre JE ne pourra pas, par ailleurs, servir de structure de départ à une future ’entreprise que vous souhaiteriez créer à la sortie de vos études.
Les projets possibles
Quelques questions sont essentielles avant de démarrer : que puis-je faire ? Quel intérêt ai-je à le faire dans le cadre d’une Junior-Entreprise ? Comment réaliser concrètement mon projet ?
Créées pour palier les manques de formations souvent trop théoriques, les Junior-Entreprises ont pour vocation d’apporter aux élèves une plus-value dans leur cursus. Cependant, si les services proposés ne servent qu’aux étudiant⋅e⋅s sans rien apporter au monde professionnel, vous risquez d’avoir des difficultés à trouver des entreprises partenaires. À vous, donc, de trouver un projet s’adaptant à la fois à vos diplômes et aux besoins du marché.
Pour le reste, pas de freins à vos ambitions les plus folles. Longtemps chasse gardée des écoles d’ingénieurs et de commerce, en apparence mieux placées pour proposer des services aux entreprises, les JE se multiplient aujourd’hui dans les universités, tous domaines confondus. On peut ainsi citer l’exemple de Site et Espaces, association des étudiant⋅e⋅s en urbanisme de la Sorbonne, qui fournit des études d’amélioration de l’habitat aux collectivités locales, à des sociétés d’économie mixte et même à la RATP . Et si les menus services que pourraient rendre les élèves de votre formation à des entreprises ne vous sautent toujours pas aux yeux, ou que vous avez du mal à formaliser votre projet, n’hésitez pas à prendre contact avec les différents relais locaux de la Confédération nationale des junior-entreprises.
Devenir une junior entreprise
Pour accéder au label de junior-entreprise plusieurs étapes sont à suivre. Au préalable, vous devez déjà vérifier qu’il n’existe pas une structure préexistante au sein de votre établissement.
ETAPE 1 : LA JUNIOR-CRÉATION
Avant de pouvoir devenir Junior-Entreprise, vous devez passer par l’étape Junior-Création. Il s’agit d’un tout jeune projet, accepté sur le principe, mais qui doit faire ses preuves. Pendant quelques années, la personne initiatrice est conseillée et accompagnée par la CNJE. L’association pourra ainsi se structurer et commencer à réaliser quelques études.
ETAPE 2 : LA PÉPINIÈRE JUNIOR-ENTREPRISE
Entre le statut de Junior-Création et celui de Junior-Entreprise, les Pépinières sont une transition pour accéder à l’indépendance. Accèdent au rang de Pépinières les Junior-Créations ayant fait leurs preuves ou les associations étudiantes ayant déjà des activités de service rodées et souhaitant entrer en confédération.
ETAPE 3 : LA JUNIOR-ENTREPRISE
Garantes et représentantes de la « marque » Junior-Entreprise, les associations bénéficiant de ce label doivent se montrer irréprochables : trésorerie équilibrée, activité régulière, qualité de service reconnue…
LA JUNIOR-INITIATIVE
Le statut de Junior-Initiative a été créé pour les JE qui, ayant connu des problèmes structurels, reçoivent un encadrement privilégié pendant une période d’un ou deux ans.
Faire fonctionner une Junior-Entreprise n’est donc pas un exercice de tout repos. Voici donc quelques conseils pour vous aider à vous structurer.
Définir une organisation en interne
Avant toute chose, il va falloir vous organiser en interne pour que les postes clés de la Junior-Entreprise soient pourvus, et dans l’idéal tenus par quelques étudiant⋅e⋅s très impliqué⋅e⋅s.
LA CONSTITUTION DU BUREAU
La JE se compose, comme toute association, d’au moins un⋅e trésorier⋅ère chargé⋅e de veiller les comptes de celle-ci, d’un⋅e administrateur⋅rice responsable des formalités administrative, et d’un⋅e président⋅e la représentant⋅e.
Vous pouvez ensuite, constituer à partir de ce noyau une équipe plus conséquente. Plus l’équipe est importante, plus vous pourrez affiner les missions de chacun⋅e : une personne chargée des relations avec les entreprises, une autre de celles avec les étudiant⋅e⋅s, une autre encore pouvant se consacrer à la mise en place de documents de communication (site Internet, lettre interne…).
Mais n’oubliez pas : tout le monde est bénévole et leur implication doit être récompensée (par l’expérience, le réseau, les compétences, etc.)
LE FONCTIONNEMENT
Exception faite du désintérêt financier des membres du bureau, la JE fonctionne comme une entreprise classique. Première étape : démarcher des client⋅e⋅s jusqu’à ce que l’un⋅e d’eux⋅elles cède à vos arguments et décide de vous confier une mission. Les sommes qui vous seront versées pour ladite mission vous serviront, en premier lieu, à rémunérer les étudiant⋅e⋅s qui accepteront de jouer les apprenti⋅e⋅s conseiller⋅ère⋅s, ensuite à pourvoir aux frais impliqués par la mission (impression du rapport, déplacements…) et enfin à contribuer au budget de fonctionnement global de votre JE.
Trouver des structures clientes
Identifier une entreprise qui pourrait s’intéresser à vos services, choisir le⋅la bon⋅ne interlocuteur⋅rice, prononcer les arguments qui feront mouche, bref démarche des client⋅e⋅s est une véritable course d’obstacles. Pour les surmonter, la CNJE peut vous être d’un précieux secours. Elle peut notamment vous accompagner sur la manière de les aborder.
L’expérience des centaines de Junior- Entreprises qui se sont créées depuis 40 ans a, par exemple, permis d’identifier les interlocuteur⋅rice⋅s les plus à même de s’intéresser aux services proposés par les différents cursus : service qualité pour les ingénieurs, marketing pour les commerciaux, etc.
La mise en réseau a également permis de développer un argumentaire commun, fonctionnant auprès des entreprises. Les services proposés par les JE intéressent soit des sociétés visant un public jeune et souhaitant donc recueillir le point de vue de leurs pairs, soit des entreprises intéressées par de nouvelles techniques ou de nouveaux modes de travail enseignés dans une formation. Dans les deux cas, les prestations des JE s’inscriront en complément du travail des cabinets de conseil ou d’étude plus expérimentés.
Une fois les partenaires trouvés, la CNJE conseille aux apprenti⋅e⋅s entrepreneur⋅se⋅s de porter une attention toute particulière aux contrats : contenu de la mission, délais, conditions de rémunération… Tout doit y être dûment spécifié afin de rassurer les client⋅e⋅s, mais aussi afin d’éviter que quelques entreprises mal intentionnées ne profitent de votre statut pour manquer à leurs engagements. Pour éviter ce type de mésaventure, la CNJE propose également de mettre des avocat⋅e⋅s à disposition de vos Junior-Entreprises.
Trouver une équipe
La mission en poche, il vous faudra trouver des étudiant⋅e⋅s prêt⋅e⋅s à exercer leurs savoir-faire. Ces dernier⋅ère⋅s n’ont pas obligation d’être des membres actif⋅ve⋅s de l’association. Assurez-vous en revanche de leur motivation et de leur disponibilité car, si il⋅elle⋅s ne remplissent pas correctement leur tâche ou le font dans un délai trop long, ce sera à vous d’assumer les plaintes du⋅de la client⋅e.
Il vous faut donc trouver une personne qui s’occupera de responsabiliser les personnes qui souhaitent s’engagent.
Enfin, la rémunération est fixée selon des tarifs de jours travaillés, la somme allouée étant adaptable en fonction de la rétribution proposée par le⋅la client⋅e. La tâche est, bien évidemment, plus ou moins bien payée selon sa difficulté.
Veiller à sa réputation
La CNJE effectue régulièrement des contrôles afin de vérifier la qualité de votre trésorerie, le respect des contrats, etc. Outre ce contrôle, qui peut vous faire perdre le label de JE pour celui de Junior-Initiative, la qualité de votre travail va peu à peu déterminer la réputation de votre micro-société. Ne sous-estimez pas le bouche-à-oreille entre les entreprises, surtout si le secteur dans lequel vous proposez vos services n’en compte que quelques unes.
Cette réputation est d’autant plus importante à soigner qu’elle ne met pas seulement en jeu la Junior-Entreprise mais votre formation dans son ensemble : une JE fournissant des services de qualité donnera certainement envie à la boîte de se tourner vers les anciens de la filière au moment de recruter… Et inversement.
Veillez donc à toujours faire preuve de sérieux dans vos relations avec vos client⋅e⋅s.
Anticiper l'entrée sur le marché du travail
Outre la possibilité d’exercer ses talents avant même l’entrée dans la vie professionnelle, la Junior-Entreprise est également un excellent moyen de mettre un pied dans le secteur qui vous emploiera une fois votre diplôme obtenu. Voici quelques conseils pour anticiper votre entrée sur le marché du travail.
RENCONTRER DES ENTREPRISES
Il arrive en effet que des entreprises engagent le⋅la chargé⋅e de mission d’une JE. Évidemment, l’exemple est loin de faire règle. Si la mission s’est bien passée et que le⋅la client⋅e vous félicite, profitez-en, par exemple, pour lui demander une recommandation professionnelle… Un moyen détourné de lui faire comprendre que vous serez bientôt sur le marché. Une fois sorti⋅e⋅s des études, n’hésitez pas non plus à recontacter d’ancien⋅ne⋅s client⋅e⋅s avec lesquels le feeling était bien passé : se forger un réseau est aussi l’une des raisons d’être de la Junior-Entreprise.
ENRICHIR SON CV
Le⋅la client⋅e ne vous a pas retenu pour intégrer son entreprise ? Cela ne vous empêche pas de mettre votre expérience en valeur sur votre CV au moment de chercher un emploi. La participation active à une Junior Entreprise montrera aux recruteur⋅se⋅s que vous avez le goût d’entreprendre, de l’autonomie et de l’esprit de l’initiative… Et surtout que vous êtes d’ores-et-déjà opérationnel.
En outre, prendre l’exemple concret d’une mission pour expliquer le type de formation apportée par votre filière pourra être beaucoup plus parlant pour l’employeur⋅se que des intitulés de formation pas toujours parlant.
Passer le relais
Lorsque vous avez fini vos études, essayer de maintenir la solidarité entre les promotions et ainsi passer le relais de la junior-entreprise. Une JE qui marche bien, c’est aussi une vitrine pour votre formation, et cela aura son importance au moment de chercher un emploi. Pour passer le relais, quelques règles d’or : une trésorerie claire et équilibrée, un agenda d’ancien⋅ne⋅s client⋅e⋅s mis à jour et commenté (missions effectuées et appréciations du client, prises de contact n’ayant pas abouti…), annuaire d’anciens « ressources » pouvant guider les nouveaux⋅elles motivé⋅e⋅s.
Pour que la passation se passe au mieux, n’hésitez pas, dès le printemps, à inclure des nouvelles personnes motivées des prochaines promotions dans l’équipe afin qu’elles puissent reprendre le flambeau le moment venu.
Enfin, si la JE, association étudiante affiliée à un établissement, ne peut servir de structure de base à une entreprise « adulte » rien ne vous empêche, si cette expérience vous a plu, de créer votre petite entreprise une fois le diplôme en poche.